Landes : rencontre avec 7 femmes inspirantes

Nouvelle Aquitaine

Les Landes, ses plages immenses, ses forêts qui ne le sont pas moins, mais aussi ses douces collines de la Chalosse et de Tursan. Les Landes où il fait bon vivre et où des femmes audacieuses vivent leur passion. Les Landes, terre d’expression!

Aux bons soins de Virginie Bérot

Les thermes Bérot —Dax

Quand on rencontre Virginie dans l’établissement thermal qu’elle dirige, on a du mal à croire qu’elle est debout depuis l’aube pour prendre soin des autres tant elle resplendit. Avec un sourire jusqu’aux oreilles, elle nous confie: « Je suis née comme ça, avec cette joie de vivre. Il fallait que je la partage. L’humain, c’est ma mission de vie ! » Après une carrière de pharmacienne, elle a repris en 2015, la direction des thermes créés par son père, ancien joueur international de rugby. Retour aux sources en quelque sorte pour Virginie qui nous glisse : « J’ai failli naître ici ! »

Si les curistes affluent à Dax depuis l’antiquité –les Romains, pas si fous, y venaient déjà pour soigner leurs rhumatismes avec une boue maturée à base de limons de l’Adour –Virginie tient à garder le côté familial : « On applique toujours la boue à la main, à l’ancienne. On va chez Patricia ou Nathalie et pas cabine2. Les gens recherchent chez nous le contact qui participe à la guérison. » Virginie, ouverte aux médecines douces, propose aussi reiki, méditation, qi gong et sophrologie, consciente qu’il n’y a pas une, mais plusieurs façons de soulager la douleur. De même, elle a innové en créant une cure thermale post-cancer du sein : «Elle permet de travailler sur les séquelles, pour que les femmes reprennent contact avec leur corps dans l’eau.» On peut toujours compter sur l’énergie contagieuse de Virginie pour retrouver la forme.

Les belles creuses des filles Labarthe

Lou Casaou De Le Ma —Hossegor

Au bord du lac marin d’Hossegor, il est une cabane où l’on déguste à la bonne franquette des huîtres arrosées d’un Jurançon : Lou Casaou De Le Ma. Un nom qui chante en patois landais et qui signifie Le jardin de la mer. Derrière le comptoir deux nanas, Aurélie et sa sœur Florine qui représentent la 5e génération d’ostréiculteurs chez les Labarthe. « On a passé notre enfance à aider nos parents, on faisait les marchés avec mon grand-père, alors il y a 10 ans en reprenant le flambeau, on a créé la cabane de dégustation. C’est dur de se faire une place dans ce milieu macho, il faut toujours prouver qu’on est à la hauteur du métier et qu’on sait travailler les huîtres, mais qu’importe, on aime ça. »

Aurélie, bottes aux pieds et bonnet enfoncé sur la tête manie ses paniers dans le bassin de stockage, sûre d’elle et heureuse de travailler au grand air. « On a une vie plus cool au bord du lac avec l’avantage de l’océan et des marées, mais sans l’inconvénient des tempêtes et des vagues. » Sa touche féminine? Des ongles peints en rouge avec des motifs de coccinelle. Chaque mois un nouveau motif pour laisser libre cours à son originalité.

Les vaches de Céline et Chrystel Brettes

Ganaderia Maynus -Saint-Sever

« À cause de Guy Lux et d’Intervilles, tout le monde les appelle des vachettes, mais non, ce sont des vaches qui vivent dehors toute l’année ! » Les deux sœurs Brettes qui ont repris l’élevage de leur père insistent sur le caractère sauvage de leurs bêtes destinées aux courses landaises. Une tradition festive gasconne qui mêle sport à haut risque et spectacle dans une arène de village. Dans ce milieu très masculin où il faut montrer ses biscoteaux, elles sont les seules femmes à tenir une ganaderia. « Mon père n’a eu que deux filles, alors c’était à nous d’assurer l’héritage, explique Céline. Et ce n’est pas toujours de tout repos. Quand le jour du spectacle, il faut aller choisir les vaches dans le champ et accrocher nos couleurs sur leurs cornes, on prend souvent des coups de corne. À la fin de l’été, après avoir participé à au moins 300 spectacles, ça fait un bon paquet. » Les deux passionnées organisent chez elles toute l’année des visites pour approcher les vaches en liberté. Laquelle est la plus joueuse, la plus rapide, la plus teigneuse…? Demandez à Céline, elle connaît par cœur chacune de ses 150 pensionnaires.

L’armagnac arrangé de Nelly Lacave

Domaine de Jouatmaou —Le Frêche

Nelly Lacave porte à merveille son patronyme. C’est dans la cave blottie sous la vénérable demeure familiale datant de 1795 qu’elle élève ses armagnacs. Elle nous entraîne sous les voûtes pour déguster un millésime de 1975 encore en fût et dont le goût évoque le pruneau. « Je dois tout à mon grand-père qui s’est lancé dans l’Armagnac en 1939, car le vin se vendait mal, raconte-t-elle. À chaque fois que j’ouvre une bouteille, je pense à lui. »

En hommage à son travail, elle a d’ailleurs ouvert un petit musée familial sur la propriété. Si elle reste attachée au savoir-faire traditionnel de sa région du Bas-Armagnac, elle a innové en surfant sur la vague des rhums arrangés. «En rentrant d’un voyage à la Réunion avec vanille et pulpe de noix de coco, j’ai eu envie d’en faire macérer dans un Armagnac jeune. Voilà comment ça a commencé. Il m’a fallu 3 ans pour mettre au point 3 recettes: l’une à base d’orange, l’autre à base de vanille et la dernière de citron et menthe. Ces armagnacs arrangés cartonnent auprès des jeunes.» Une manière arrangeante de séduire ceux qui ne connaissent pas cette eau-de-vie dont la réputation pâtit d’une image désuète

Le surf, mode de réemploi avec Camille Comellas

Objets uniques —Seignoss

Faut pas gâcher, faut créer plutôt. « J’ai observé longtemps mon compagnon, Fabrice Morous qui utilise de la résine polyester liquide pour enrober les planches de surf et donner ainsi vie aux shapes, raconte Camille Commellas. Cela m’a donné envie de récupérer la matière, de la couler dans des moules pour créer des objets du quotidien.» Après des premiers essais en Californie et en Australie, Camille est revenue à Seignosse pour affiner le processus: « Je mélange avec des couleurs psychédéliques et je ponce pendant des heures pour un rendu d’une infinie douceur.» Dans son atelier, pots, bracelets, porte-savons, médaillons s’empilent gaiement avant de partir sur le marché d’Hossegor ou dans quelques boutiques de la région. Des créations qui ont du sens et qui font sens dans ce pays où le surf est roi !

La ferme so british de Bibi

La Ferme du Miouat —Saint-Julien en Born

Canapé Chesterfield, coussins revêtus de tartans, chevreuil empaillé, portrait d’épagneuls, on se croirait dans un relais de chasse anglais. Il faut dire que Brigitte Esquérré, Bibi pour les amis, a vécu pendant 30 ans à Londres ! « Mon frère m’appelle Lady Di ! », s’amuse-t-elle. Après un divorce mouvementé, elle récupère une maison de campagne au milieu des pins des Landes et à 50 ans se jette à corps perdu dans sa reconstruction pour la transformer en maison d’hôtes. « J’ai tout fait toute seule, même le ciment! J’aime cette maison, c’est mon lieu d’expression et un lieu de rassemblement pour mes amis. »

Bibi, qui a fait l’école de cuisine Ballymaloe en Irlande, adore recevoir et le prouve avec brio et générosité à l’heure du brunch. Sur la table merveilleusement décorée, œufs à la ventrèche, cake aux oranges caramélisées, poires pochées à la cardamome et confitures maison jouent des coudes. Son vieux chien de 13 ans bave en lorgnant sur les plats, mais il n’aura rien. Bibi, qui veille sur sa santé lui administre à la place quelques gouttes de CBD sauce bœuf pour soulager son arthrose. Elle est comme ça Bibi, pleine d’attention pour le monde qui l’entoure.

Visiter

PréhistoSite de Brassempouy

À Brassempouy, on a trouvé en 1894 la plus ancienne représentation d’un visage humain, un visage de femme sculpté dans de l’ivoire de mammouth, il y a environ 29 000 ans. Sur le PréhistoSite, on fait un voyage en préhistoire dans le Maison de la Dame avec l’exposition des outils en silex, en os, mais aussi des parures et une série de figurines humaines dont la fameuse Dame. Dans l’Archéoparc, on se balade entre les reconstitutions d’animaux à taille réelle comme le majestueux cerf mégacéros, les mammouths ou la hyène des cavernes.

Texte : Sandrine Mercier

Photographies : Maïté Baldi

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Sandrine Mercier
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