Dans la vallée du Haut Giffre en Haute-Savoie, le coquet village de Samoëns (merci de ne pas prononcer le s) offre un magnifique terrain de jeu pour les amateurs de sensations fortes en pleine nature. Nous en avons testé 5.
1. Canyoning – Frissons dans le canyon de Balme
Et si le plus dur dans le canyoning consistait à enfiler une combinaison de néoprène bien moulante, un baudrier, puis de marcher jusqu’au point de départ en empruntant des sentiers escarpés ? Car tout ce qui suit après relève du pur plaisir en dépit de quelques passages où on serre fort les fesses si comme moi on craint le vertige. François Thénaisie qui a passé sa jeunesse à user ses fonds de combi dans les torrents nous fait un topo le cul au frais dans l’eau à 14°C du canyon de Balme. Nous l’écoutons dans la même position. Autant se mettre d’emblée à température car ça commence fort avec une descente en rappel de 20 m qui s’achève dans un grand plouf. Quel pied ! Viennent ensuite divers toboggans que l’on passe allongés sur le dos pieds devant mais aussi tête en avant parce que c’est plus drôle et que le relief le permet. D’autres descentes en rappel figurent heureusement au programme, la plus haute faisant 25m.
On termine après 2h30 de sensations fortes à l’endroit où la roche forme comme un tablier en pente douce. Là, François nous demande de faire l’étoile de mer. Parfaitement, l’étoile de mer. On se met sur le dos, bras et jambes écartés. Il s’empare alors d’un bras et d’une jambe et nous projette vers le bas en nous faisant tournoyer jusqu’au plongeon final. Conclusion en beauté d’une journée qui donne la patate. Tarifs : 53€ (enfant), 57€ (adulte)
2. Spéléologie – Dans le ventre de la grotte de Balme
À l’issue d’une rapide ascension à travers la forêt, nous arrivons au pied de la falaise de Magland où se trouve l’une des entrées de la grotte de Balme. De là-haut, superbe vue sur la vallée de l’Arve, mais on n’est pas venu pour contempler le paysage. À nous les ténèbres, à nous les entrailles de la montagne. On allume nos lampes frontales et on écoute le conseil du guide Jean-Mathieu Fallard : « Le sol est glissant et en pente. Surtout ne marchez pas avec les épaules en arrière, c’est le meilleur moyen de faire un vol. Par endroits, vous verrez, les passages sont très étroits. Il faut se faufiler de profil. » Dans un tronçon plus large que les autres, des visiteurs ont cru bon d’inscrire leur nom sur les parois. Parmi eux, le physicien suisse De Saussure considéré comme l’un des fondateurs de l’alpinisme au XVIIIe siècle. Louons sa délicatesse : Il n’a pas écrit ses prénoms : Horace Bénédict. Goethe, l’auteur des Souffrances du jeune Werther, lui, s’est abstenu. En revanche, on dit qu’il a tiré un coup de feu dans un puits situé plus loin pour en sonder la profondeur. Que d’illustres prédécesseurs ! Ont-ils comme nous avancé à plat ventre pour franchir une espèce de sas puis un boyau baptisé « La saucisse ». Pas sûr. À force de reptations, de contorsions et de marche précautionneuse, on débouche finalement sur une ouverture à flanc de falaise. Il n’y plus qu’à descendre en rappel sur 35 m pour conclure cette aventure spéléologique, mais on peut aussi rebrousser chemin, faire en somme un aller-retour. Et quoi de plus naturel pour moi que d’opter pour la seconde proposition. Tarif : 59€ pour 3h de sortie.
3. VTT – Destination cascade du Rouget
Un vélo ou VTT électrique comment ça marche ? Un petit boitier sur le guidon permet de moduler la puissance de l’assistance électrique. ECO pour aller tout doux, puis TOUR, EMTB et pour finir TURBO si l’on veut monter aux arbres. Ça paraît facile, mais il ne faudrait pas se méprendre : « L’élec, on croit que c’est un truc de fainéant, mais on peut faire en sorte d’avoir le cardio en vrac, et les jambes fracassées, prévient Bertrand Moretton, le guide accompagnateur de Mountain Spirit. Mais cet aprem, on va y aller tranquille. Destination la cascade du Rouget en suivant le Giffre. Il y aura une grosse côte toute cabossée. Le défi, c’est de ne pas poser pied à terre. Un dernier conseil : utilisez principalement le frein avant. Je sais, on vous a toujours dit de vous servir du frein arrière, mais c’est le plus sûr moyen de déraper. » Nous voilà partis ! Hormis la côte qui comme annoncé s’avère retorse, on pédale en toute décontraction. Quel plaisir de laisser derrière soi sur des pentes raides quelques cyclistes n’étant pas encore passés à « l’élec ». Je dis « élec » pour faire comme Bertrand. Lui ne dit jamais « vélo électrique » ou « électrique ». C’est « élec », un point c’est tout. Sur nos « élec », on arrive donc sans encombre à la cascade du Rouget haute de 80 m et surnommée la Reine des Alpes.
En s’approchant, quelques gouttelettes nous éclaboussent. C’est l’heure de la pause fraîcheur. On s’en retourne ensuite au bercail en mode TURBO sans craindre d’épuiser nos batteries. Moi, je dis vive « l’élec ». Tarif : location VTT électrique demi-journée 55€. Location + guide : 59€ pour 3h de sortie.
4. Portaledge – Suspendus au-dessus du vide
Le soleil bientôt disparaîtra derrière la montagne. Au sommet de la falaise des Tines, François Coffy, un ancien membre de l’équipe de France d’escalade, déplie un portaledge aussi appelé tente de paroi. Après une quinzaine de minutes passées à batailler avec l’engin, il l’accroche finalement au-dessus du vide. Voilà, le lit est prêt. Il ne reste plus qu’à s’y couler pour passer une nuit divine suspendu entre terre et ciel à condition que le temps reste clément. Hélas, la météo prévoit que des orages éclateront vers 2 ou 3 heures du matin. L’opération « Vertiges nocturnes » est annulée. Il faut se faire une raison. Nous dormirons à l’hôtel Alexane qui allie à la perfection côté chic et côté rustique. C’est pas mal non plus un matelas douillet pour rêver de cimes. Avant de remballer tout le matériel, on le teste quand même, puis on avale une bonne fondue arrosée d’un blanc de pays alors que dans le lointain le village de Sixt-Fer-à-Cheval doucement se fond dans la pénombre. Tarif : la nuit en paroi à partir de 275€/pers.
5. Survivalisme – Rudiments pour apprentis aventuriers
Nous enseigner le b.a-ba des techniques de survie en moins de 3 heures, c’est le défi que relève Hervé Martinez au cours d’une excursion au-dessus du hameau de l’Allamand. Avant le départ, il nous invite à choisir une dizaine d’objets indispensables à tout randonneur digne de ce nom parmi une vingtaine qu’il a déposés par terre. Gourde, couteau suisse, cape de pluie, lampe frontale, couverture de survie, corde, cordelette, briquet, sifflet … terminent dans le sac. En revanche fronde, loupe, bougie, tube de colle … sont écartés. Une fois dans la forêt, Hervé avise un hêtre qui lui paraît appétissant et entreprend à l’aide de son couteau d’en détacher un gros morceau d’écorce. Juste dessous se trouve le cambium qu’il racle avec la lame. Il récupère ainsi de fines pelures riches en protéines et dont le goût rappelle le cœur de palmier. « Un sapin ou un épicéa auraient aussi fait l’affaire. Un if en revanche aurait provoqué notre mort », nous explique le Bear Grylls septimontain (Eh oui, les habitants de Samoëns sont des Septimontains).
Leçon suivante : comment repérer le nord avec deux branches, une montre et le soleil que l’on aperçoit entre les feuillages ? Passons sur la réponse et dirigeons-nous vers une rivière que l’on entend sans la voir. Sur la rive, au plus près du courant, on creuse un trou dans le sable afin d’obtenir une eau plus ou moins filtrée. Vient ensuite le grand moment : construire un feu. Pour cela, on dispose d’une pierre à feu, d’une poignée de copeaux de bouleau, d’un soupçon d’amadou et de beaucoup de patience. Dès que l’amorce s’enflamme, vite on ajoute les brindilles, puis des branches récoltées auparavant. Les castors juniors seraient fiers de nous. Mais déjà, c’est la fin. Retour à la civilisation où l’on ignore tout des caprices de la pierre à feu. Tarif : 60€
Plus d’infos
Samoëns. Tél. : 04 50 34 40 28
Bureau des guides et accompagnateurs de Samoëns. Tél. 04 12 01 00 44
Photos : Michel Fonovich
Photo d’ouverture : Mathilda Manzi