Dans la province francophone du Canada, les communautés autochtones, appelées longtemps à tort les «Indiens», accueillent à bras ouvert les touristes. L’objectif ? Faire découvrir leurs traditions, déconstruire les idées reçues, tout en favorisant leur développement économique. Des expériences étonnantes, qui justifient, à elles seules, un voyage au Québec.
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Dormir au sein d’une réserve
En arrivant à Wendake, impossible de réaliser qu’il s’agit d’une réserve autochtone : elle est enclavée au sein de la ville de Québec, entourée de rues bordées de maisons tranquilles. Pas de mur, ni panneau, indiquant que l’on arrive sur le territoire de la nation Hurronne-Wendat.
C’est pourtant sur ce petit territoire d’1 km2 que se trouve l’Hôtel Premières Nations, un établissement quatre étoiles de 55 chambres ouvert en 2008 et tenu par des personnes de la communauté. Le bâtiment a la forme elliptique de la maison longue, l’habitation traditionnelle avant l’arrivée des Européens, construite entièrement de bois et d’écorce.
Dès la réception, l’hôtel affiche son positionnement haut de gamme, avec un mobilier élégant, inspiré par les différentes cultures autochtones, avec des peaux de loups déposées sur les fauteuils, des troncs d’arbres faisant office de colonnes, des pierres sur le sol… « Le design a été supervisé par des représentants des Premières Nations afin qu’il respecte et représente notre culture », assure Danisse Neashit, responsable de la communication. Dans la chambre, certains détails surprennent comme cette lampe confectionnée avec la branche d’un bouleau blanc ou cette peau de castor posée sur le lit. Le séjour est très reposant, avec la vue sur la forêt et la piscine intérieure chauffée. Une halte idéale pour une première découverte des nations autochtones, à seulement 25 minutes du centre de Québec.
Chambre à partir de 166€
Trois questions à Marc de Passorio, chef de La Traite, le restaurant de l’Hôtel Premières Nations.
Pouvez-vous vous présenter ?
Etoilé deux fois au guide Michelin, couronné également de trois toques au Gault & Millau, je suis passionné par la cuisine des terroirs régionaux. Depuis 18 mois, à la tête de La Traite, je cherche à sublimer les saveurs des Premières Nations qui existent depuis des millénaires
Comment travaillez-vous ?
Je vais à la rencontre des aînés, pour qu’ils me fassent découvrir leurs recettes, leurs ingrédients, et leurs petits secrets, comme leur façon de cueillir ou de cuisiner. Cette transmission est passionnante !
Quelles sont les particularités de La Traite ?
J’utilise des produits phare que j’ai transformés, comme l’agastache, appelée aussi fenouil boréal, réduite en poudre, ou les épines de sapin sous forme de sel parfumé. Je m’en sers pour agrémenter mes recettes à base de gibier, de pêche et de cueillette. Je suis également fier de former aux différents métiers de la cuisine des jeunes et des adultes en réinsertion, issus de la communauté.
A partir de 63€ la Table de saison au diner (comprenant 3 plats).
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Fabriquer un bâton de parole
Sur la petite réserve de Wendake, ne manquez pas le Musée Huron-Wendat, en forme de tipi. En plus de raconter l’histoire de cette nation et d’y exposer des objets rares comme des outils ou des costumes, il propose des ateliers très bien faits. Celui du Bâton de Parole, objet en bois utilisé pour réguler les discussions dans les conseils tribaux, est idéal pour les familles. Avec des perles, des plumes, des morceaux de cuir et de tissu, parents et enfants sont invités à en fabriquer, un à l’image de leur clan. Surtout, l’animateur prend le temps d’expliquer son utilité et de répondre à toutes les questions. Une création à utiliser à la maison, pour mieux communiquer !
58€ par famille.
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Déambuler dans une forêt illuminée
Les Premières Nations croient en la magie de la forêt. En participant à l’expérience immersive Onhwa’ Lumina, on ne peut qu’acquiescer. Ce parcours est une promenade nocturne d’1,2 km dans les bois, agrémentée d’arrêts où les esprits viennent nous parler et donner vie à d’étranges dessins colorés et animés : des fleurs qui deviennent une cascade, un loup qui apparaît dans la brume, un homme en costume qui danse sur un immense rocher… Au total, sept tableaux subliment les symboles fondateurs, les traditions et les rituels de la culture autochtone, au rythme de chants entraînants et de cris d’animaux. La version hivernale, sous la neige, promet d’être encore plus poétique.
A partir de 26 € par adulte.
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Découvrir l’importance des arbres
Sur les rives du Lac Saint-Jean, le musée Amérindien Mashteuiatsh, installé dans la réserve du même nom depuis 1983, propose un intéressant sentier extérieur. Appelé Nuhtshimitsh, ce parcours qui signifie « dans la forêt », se découvre en autonomie ou avec l’un des guides.
L’occasion de mieux comprendre l’importance de la forêt boréale et son incidence dans le mode de vie de la nation Ilnu. Au total, les peuples autochtones ont identifié plus de 400 espèces de plantes mais aussi des lichens, des champignons et des algues, à utiliser pour se soigner. La visite de l’exposition permanente présente le mode de vie des premiers habitants du Lac Saint-jean, au fil des cinq saisons : le préprintemps, le printemps, l’été, l’automne et l’hiver. Des objets anciens et contemporains, mais aussi des vidéos, des captations sonores, des odeurs, des cris d’animaux, des œuvres d’art, rendent le parcours vivant. A partir de 14€ par adulte.
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Assister à un pow-wow
Tous les ans, de début juin à mi-septembre, chaque Nation se rassemble au sein de son traditionnel pow-wow pour faire vivre son héritage culturel. Se déroulant souvent sur plusieurs jours, ces évènements sacrés permettent aux nombreux autochtones, ne vivant pas dans leur réserve, de retrouver les membres de leur communauté. Mais ouverts au grand public.
L’occasion de s’initier aux danses, aux musiques et chants traditionnels, aux prières. Et de découvrir l’artisanat et la gastronomie. Certains rituels sont immuables, comme la cérémonie de la Grande Entrée, marquée par l’arrivée des danseurs, la danse des herbes sacrées des hommes ou celle de la robe à clochettes, réalisées par des femmes.
Côté public, les spectateurs doivent respecter certaines règles : porter une tenue appropriée, par respect pour la culture et la cérémonie. Demander avant de prendre les participants en photo, ne pas toucher le « regalia » (tenue du danseur)…. Si vous prévoyez un voyage au Québec, planifiez votre itinéraire pour pouvoir assister à une de ces grandes fêtes et toucher du doigt la culture autochtone.
Pour découvrir les dates : tourismeautochtone.com
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Visiter un campement traditionnel
A l’est de la Gaspésie, à 8 km de la ville de Gaspé, la nation Micmac a eu la bonne idée de reconstituer un village de la fin du XVIIe siècle, époque du début de la colonisation européenne et des premiers écrits témoignant de la façon de vivre des autochtones.
Sur le site offrant une vue incroyable sur la baie, il est possible de pénétrer dans des wigwams, des cabanes recouvertes d’écorces de bouleau, d’assister au fumage du poisson, de déguster de la bannique, le pain traditionnel… L’exposition permanente raconte en détails l’histoire et la culture des MicMac, notamment l’importance de la spiritualité et de la médecine traditionnelle.
Avant de partir, ne manquez pas la boutique qui propose de nombreux objets, comme des attrape-rêves, des mocassins, des bijoux en perles. De beaux souvenirs à rapporter tout en soutenant les artisans de la communauté.
Réservation obligatoire, à partir de 11,75$ par adulte : www.micmacgespeg.ca
Pratique :
Le Québec est l’une des dix provinces du Canada et la seule entièrement francophone. Sa superficie est de 1,5 millions de km2, soit trois fois la France. Elle compte 8,6 millions d’habitants, dont près de la moitié vit dans la région de Montréal, et onze Nations autochtones.
Les Abékanis vivent à Odanak et à Wôlinak, entre Québec et Montréal. Les Algonquins vivent au sud-ouest du Québec. Les Atikamekws sont au nord de Montréal.
La Nation Cris s’étend sur un vaste territoire au nord-ouest de la province, en partie à frontière avec l’Ontario. Les Hurons-Wendat ont une petite réserve non loin du centre-ville de Québec. Les Wolastoqiyik sont présents sur la rive sud du Saint-Laurent, à Cacouna. Les Mi’gmaq ou Micmacs résident en Gaspésie. Le territoire des Mohawks se trouve en périphérie ouest de Montréal. Les Innus, la nation la plus nombreuse, vivent près du Lac Saint-Jean et sur la rive nord du Saint-Laurent.
Les Naskapis vivent dans la région Côte-Nord, au nord du Labrador. Les Inuit vivent dans l’immense grand Nord.
Y aller
Vols direct Paris-Montréal sur Air France ou Air Canada, à partir de 434€, www.aircanada.com, www.airfrance.fr
Photos : Frank Beloncle
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