Longtemps ignorée, la petite Corée sort de l’ombre de ses voisins chinois et japonais pour se faire une place au soleil. Au-delà des skylines de verre et de métal, les trois quarts du pays se révèlent montagneux, inattendus et rustiques à souhait. Le « royaume ermite », autrement plus aimable que son voisin du Nord, attend qu’on lui rende visite. 4 activités insolites à faire en Corée du Sud.
Libérer sa libido dans un musée du sexe sur l’île de Jeju
À plus de 100 km au large de la péninsule, la volcanique île de Jeju fait figure de petit Hawaï coréen. Pendant longtemps, dans le pesant climat de guerre froide qui rendait compliqué tout déplacement à l’étranger, les touristes coréens, et notamment les jeunes mariés, sont venus réchauffer leur libido engourdie dans les moiteurs subtropicales de Jeju. Jusque dans les années 70 et même 80, beaucoup des mariages étaient encore arrangés et nos ingénus tourtereaux débarquaient encore ignorants ou presque des choses de l’art. À cette époque, on ne discutait guère de la bagatelle en famille.
Jeju s’est ainsi peu à peu forgé une vocation de centre d’éducation sexuelle à destination de générations encore peu rompues aux plaisirs de la chair. Niché dans le nord de l’île, le Love Park s’inscrit dans cette tradition. Ouvert en 2004, il propose à la volupté des foules hédonistes le spectacle de 140 sculptures pour le moins évocatrices réalisées par les étudiants de l’École des Beaux-Arts de l’Université Hongik. On y découvre, entre phallus géants et saillies acrobatiques, un Scoubidou assez fier de lui couvrir une épagneule extatique. Les offices de tourisme parlent avec une retenue tout attendrissante d’un « lieu où l’art amoureux rencontre l’érotisme ». À ce compte, Jacquie et Michel sont bons pour la Biennale de Venise.
Jeju Loveland. Entrée 8 €. Tel : +82 64 712 6988, www.jejuloveland.com
Admirer des bosses et des tombes à Gyeongju
Dans les années 1970, les archéologues ont commencé à s’intéresser à ce qu’il pouvait bien y avoir sous les buttes de terre qui bosselaient le centre de la petite ville de Gyeongju. Les 23 tombes royales bientôt découvertes sous ces curieux monticules allaient en dire un peu plus sur le mystérieux royaume de Silla qui, suite à différents pillages, n’a légué qu’une infime fraction de sa production artistique et architecturale. Aujourd’hui, les tumulus ont été débarrassés de la kyrielle de maisons et de boutiques qui y avait pris ses aises. Ils font désormais l’agrément d’un vaste parc où baguenaudent les touristes affublés de costumes traditionnels de location.
Parmi les tombeaux remarquables, le plus grand d’entre eux est celui du treizième roi du Royaume de Silla, le roi Michu qui régna de 262 a 284. Le seul qui se visite est le Cheonmachong où a été trouvée en 1973 une couronne d’or ainsi qu’une ribambelle de petites gâteries pour agrémenter le séjour du défunt dans l’au-delà. Étriers, mors en or, selle en bronze doré, harnais décoré de pendentifs… le cavalier silla savait chevaucher en grande pompe.
L’envie est grande de grimper sur ces dômes recouverts d’une tendre et verte pelouse pour s’y vautrer au grand soleil et profiter de la vue. Mauvaise idée. De petits panneaux rappellent qu’il en coûterait au contrevenant 20 millions de won – 13 800 € quand même ! — et deux ans de prison selon l’article 101 du Code pénal. Des tumulus à contempler donc depuis le plancher des vaches.
Parc de Daerungwon, entrée libre. Tombe Cheonmachong, entrée 2 €.
Plonger dans une bulle de sérénité à Hahoe
Hahoe, bulle de sérénité à 25 km de la ville d’Andong, est un village resté encore dans son jus. Niché dans un méandre de la rivière Hwachon au creux d’un écrin de falaises, il reflète la culture confucéenne du début de la dynastie Joseon (1392-1910) selon laquelle un village se nourrit à la fois physiquement et spirituellement des paysages alentour. Les deux cents habitants sont tous descendants du clan Pungsan Ryu qui a produit d’illustres lettrés au XVIIe et XVIIIe siècle. Au petit matin engourdi, avant l’arrivée des bus de touristes, le temps semble suspendu. Des moineaux babillards picorent le chaume qui recouvrent les hanok, ces maisons traditionnelles coréennes qui ont fait les beaux jours du royaume ermite.
Et derrière les antiques portes en bois à battants, lustrées par des générations de pognes calleuses, la vie se poursuit, toujours selon les préceptes de maître Kongfuzi. L’école confucianiste de Byeongsan Seowon, juste de l’autre côté de la rivière, nous en donne quelques exemples : « Ne conçois pas d’idée vicieuse », « Fais ton devoir », « Ne sois pas si rapace », « Sois gentil et amical », « Sais rester à ta place »… Un vrai programme de campagne présidentielle.
Entrée Hahoe 3,50 €. www.hahoe.or.kr
Randonner entre pierre et pin dans le parc du Seoraksan
À l’est du pays, on s’élance depuis la porte Sud à Osaek, pour grimper jusqu’au Daecheongbong avant de redescendre par la vallée de Cheonbuldong entre cascades exubérantes et gorges lénifiantes jusqu’à la sortie Est. Une grande traversée donnée pour 11h de marche au cœur du joyau des parcs nationaux coréen. Le dénivelé ? Inconnu, car le randonneur coréen ne semble absolument pas préoccupé par ce paramètre.
Deux heures plus tard, après un bon millier de marches dans une litanie d’escaliers, je finis par me demander entre deux hoquets s’il n’avait pas raison de se faire du souci. Des aires de repos dotées chacune de défibrillateurs s’égrènent tous les 300m le long du chemin. J’échappe au massage cardiaque et parviens enfin au faîte du Daecheongbong au beau milieu d’un immense pique-nique à 1708 m d’altitude. En Corée, un petit gueuleton conclut systématiquement l’ascension d’une montagne. Au loin, les crêtes moutonnent à perte de vue comme un océan mouvementé. Des canyons ondulent au pied de versants drapés d’une végétation déjà roussie par l’automne d’où bourgeonnent ici et là des blocs de granit éreintés par une éternité d’érosion.
Pratique
Y aller
Korean Air. Compagnie aérienne régulière coréenne, partenaire d’Air France, opère des vols directs entre Paris CDG et Séoul. Un vol quotidien d’une durée de 12h environ. Vols A/R à partir de 1 000 €.
À savoir avant de partir
Jusqu’au 31 décembre 2024, les touristes français sont exemptés de K-ETA (Electronic Travel Authorization) qu’il faut demander en ligne pour un montant de 8 €.
Décalage horaire : + 7h l’été, + 8h l’hiver.
Quand partir ?
Les périodes les plus favorables sont les intersaisons, le printemps et l’automne, notamment les mois de mai et d’octobre même si l’affluence touristique est alors un peu plus importante. L’été est chaud, humide et pluvieux, l’hiver est quant à lui froid et sec, avec des températures négatives et de fortes possibilités de neige. Pour visiter le parc national de Seoraksan, privilégier l’automne et ses belles couleurs (deuxième moitié d’octobre), mais programmer ses randonnées en dehors des week-ends en raison de la forte affluence sur les sentiers.
Avec une agence
Terres d’Aventure propose un circuit de 14 jours « Randonnées, temples et traditions de Corée » avec des randonnées dans trois parcs nationaux (Seoraksan, Gayasan, Jirisan), la visite d’Andong et son village traditionnel d’Hanae et Gyeongju et ses tumulus du royaume de Silla. Accompagnateur francophone. Groupe de 5 à 13 personnes. 1 à 4 heures maximum de marche par jour. Faible dénivelé. Aucun entraînement spécifique requis. 4 790 € par pers., vols compris.
Dormir
Près de Seoraksan
Le Kensington Hotel Seorak. Tout proche de l’entrée du parc (moins de 200 m), un bel hôtel avec de superbes chambres dans un style coréen (futon) ou classique (lit) avec vue sur les montagnes. Parking gratuit. Autour de 50 € la nuit. Tél. : +82 33-635-4001
La Olive Spa Pension. Une petite pension à 10 minutes en taxi de l’entrée du parc. Elle dispose de plusieurs au confort simple avec WiFi à partir de 40 € la nuit. Tél. : +82 234-800-118
Sur l’île de Jeju
Le Y Resort. Un établissement haut de gamme dans le sud-ouest de l’île avec chambres vue sur mer, salle de bain avec jacuzzi, piscine et restaurant sur place. Arrêt de bus à 10 minutes à pied. À partir de 40-50 € la nuit.
Tél. : +82 64-794-7007
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