Après vingt ans à courir la planète, Sylvain Tesson a choisi de faire une pause et de passer six mois en solitaire dans une cabane plantée au bord du lac Baïkal. Lui, le vagabond, relate cette expérience d’immobilité dans son dernier ouvrage « Dans les forêts de Sibérie ». La rencontre se fait chez lui à Paris. L’homme sort un petit fût de bière, l’entretien peut commencer.
Vous avez voyagé pendant vingt ans, à pied, à cheval, à vélo et vous décidez de vivre six mois presque tout seul dans une cabane. Est-ce que le monde a fini par vous ennuyer ?
Je pense que l’un des grands motifs inavouables, et d’ailleurs souvent inavoué de la part des voyageurs, est d’échapper à l’ennui, à la morosité, aux habitudes, Je trouve cependant cette motivation magnifique : vouloir franchir les parapets de son ennui. Voyager c’est vouloir faire voir du pays à son ennui. La fuite n’est pas un mauvais motif ni l’ennui une activité terrifiante.