ENTRETIEN : HERVÉ PAUCHON

Le reporter s’est trouvé fort dépourvu quand après trente ans sur les ondes de France Inter, il fut remercié par sa direction. Comment se remettre en marche après un tel choc ? En marchant tout simplement : sur le chemin de Saint-Jacques, sur la diagonale du vide et maintenant entre Strasbourg et Brest. Des milliers de kilomètres arpentés un micro à la main, pour son podcast la Balado de Pauchon. Alors, marche ou rêve ? Les deux, mon capitaine ! Entretien réalisé par Sandrine Mercier.

Tu es actuellement sur la route avec un nouveau projet.

Comme les oiseaux migrateurs, je pars avec le printemps pour un long périple. Après la diagonale, j’attaque une transversale, Strasbourg-Brest, ça fera autour de 1500 km.

Ta plus grande surprise sur le chemin ? 

C’est d’être arrivé au bout ! En partant je me suis dit : « Ouh là là, c’est énorme de marcher deux mois ! » Mais c’est l’histoire de la vie, pas la peine de regarder l’objectif à l’autre bout là-bas, il faut juste regarder la première étape, tu la fais, et puis vient la deuxième étape et ainsi de suite jusqu’au bout. À la soixante-sixième étape, tu arrives à Compostelle. Ma plus grande surprise aussi, c’était de voir à quel point les gens étaient contents de me suivre, de m’écrire. Ils étaient contents finalement de suivre un mec qui s’était fait licencier et qui se relançait. J’essayais d’être le plus honnête possible dans mes joies comme dans mes peines. 

La route de Compostelle est bien balisée, mais comment as-tu tracé ton chemin sur la diagonale du vide ?

C’est vrai que Compostelle, c’est l’autoroute, t’as des flèches jaunes partout. Pour te perdre, il faut presque le faire exprès. J’avais décidé de partir de Givet, parce que ça sonne bien à l’oreille. Là-bas, au bout des Ardennes, la frontière fait comme un doigt dans la Belgique. Et j’ai mis le cap sur Messanges dans les Landes. J’ai donc traversé les Ardennes, la Meuse, la Haute-Marne, l’Aube… J’avançais au petit bonheur la chance en fonction des gens qui me proposaient l’hébergement. C’était ça qui me plaisait, les gens étaient contents de voir un pauvre gars avec son sac à dos. Ils pensaient que j’étais perdu. “— Je fais la diagonale du vide, c’est la zone dans laquelle vous habitez. — Ah bon je ne savais pas, mais c’est vrai que c’est vide !” Au départ c’était un peu mon angoisse en me disant, tu vas rencontrer personne. Mais pas du tout. J’ai adoré marcher dans ce qu’on appelle la montagne à vaches, elle ne présente pas de difficultés et n’a pas le côté angoissant de la montagne. La traversée des forêts des Landes a été vraiment déserte, j’avais hâte de me jeter dans l’océan. 

Pas de tente dans ton sac, tu dors chez les gens. Comment ça se passe ? 

Le matin en démarrant, je ne me fixe pas d’objectifs en me disant qu’il faut que je trouve un hébergement, je laisse venir. La veille de mon départ de Givet, j’avais annoncé sur mon podcast  : “Je pars, si vous avez envie de m’héberger, envoyez-moi un message quand je passe par chez vous.”

En plus, j’avais été invité sur une radio locale. Des Belges qui habitaient dans un château ont répondu à l’appel, mais en arrivant chez eux, ils m’annoncent qu’ils partent le soir même pour la Belgique ! Petite déconvenue, mais je contacte l’office de tourisme qui m’envoie chez Robinson. Quand j’arrive, je vois que c’est un hôtel. “— Ah non, je suis désolé, mais on ne s’est pas bien compris. Moi je veux être logé chez l’habitant.Mais il est où le problème ? Moi, j’habite là donc vous êtes chez l’habitant, votre aventure m’intéresse, ça me fait plaisir de vous héberger.” À partir de là, je me suis dit que ça allait être facile.

Hervé Pauchon tient le podcast « La balado de Pauchon », que vous pouvez écouter juste ici.

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Écrit par
Sandrine Mercier
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