Mont-roig : bienvenue dans le mas où Miró se sentait comme un paysan catalan
Il est temps de quitter Barcelone pour se rendre à Mont-roig (Montagne rouge), une petite commune de la Costa Daurada, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale en Catalogne. Temps de quitter les tableaux pour découvrir les paysages qui les ont inspirés. Bienvenue dans le mas où Miró se sentait comme un paysan catalan, les pieds sur terre et les yeux dans le ciel : « C’est la terre, la terre : quelque chose de plus fort que moi, c’est le choc de ces formes dans mon esprit, plus que la vision… A Mont-roig, c’est la force qui me nourrit, la force. » Dire que son mas a failli être rasé après être tombé dans l’oubli durant quarante ans.
Heureusement, la fille du peintre a réussi à faire dévier la trajectoire de l’autoroute qui le condamnait et l’idée d’ouvrir au public le mas tel qu’il était en 1976 a finalement vu le jour au printemps 2018 avec le concours de la fondation Miró. Elena Juncosa, la directrice, nous accueille : « À 18 ans, Joan Miró est tombé gravement malade. Sa famille l’a envoyé ici pour se rétablir. Sa convalescence a duré presque un an. C’est à cette époque qu’il a pris vraiment conscience de la beauté qui l’entourait. C’est ici qu’il a décidé de devenir peintre et qu’il est revenu chaque été jusqu’en 1976 pour faire ce qu’il aimait le plus au monde, peindre. Il dira plus tard “Mont-roig est pour moi une religion, toute mon œuvre a été conçue à Mont-roig.” »
On parcourt les pièces restées dans leur jus. La salle à manger a conservé ses meubles originaux, assez austères. Le secrétaire avec les deux miroirs visible dans la nature morte Le cheval, la pipe et la fleur rouge est toujours là. En se penchant par la fenêtre de sa chambre, on découvre la vue peinte en 1919 sous le titre Les vignes et les oliviers. Mais ou est l’atelier ? On a hâte. Pour le trouver, il faut ressortir et aller derrière le mas. Accroché au mur, un vieux calendrier n’a jamais tourné la page d’avril 1976. Une grande fenêtre ouverte sur les champs, d’immenses tréteaux, des chevalets, des objets en bois, des coloquintes, des dessins préparatoires sur les murs et des photos de son ami Picasso.
A l’heure de quitter la Costa Daurada pour regagner l’aéroport de Barcelone – El Prat, on verrait d’un très bon œil que ce dernier soit débaptisé pour porter le nom de l’illustre peintre qui a tant donné à sa région et sa ville natale. Alors c’est pour quand ?