Birmanie, le voyage c’est maintenant

Alors qu’Aung San Suu Kyi vient à peine de récupérer son Nobel de la Paix attribué il y a 21 ans, la Birmanie entame un lent processus de démocratisation et s’ouvre au monde à toute vitesse. Il est temps d’aller enfin découvrir ce pays où le Bouddha a semé à foison temples et pagodes. La Birmanie, c’est maintenant.
« You’re safe with us ». Ces quelques mots inscrits sur le ticket de la compagnie Yangon Airways trottent dans ma tête. Pourquoi prendre la peine de préciser que l’on est en sécurité avec eux ? Aurait-on des raisons d’en douter ? Faut-il faire confiance à une compagnie aérienne dont l’emblème dessiné sur l’aileron est un éléphant, animal peu connu pour son aptitude à voler même si celui-ci, faut-il le préciser, est affublé d’une paire d’ailes à rendre jaloux Pégase. Le moine à qui j’ai dû céder ma place au premier rang de l’avion (c’est une tradition de respect bien établie sur n’importe quel coucou qui fait des sauts de puce à travers la Birmanie) ne partage pas mes craintes. Il dort, confiant en son karma quand le mien connaît des hauts et des bas comme l’ATR-72 suspendu dans le ciel grâce à deux hélices, deux hélices seulement. Il serait peut-être temps alors que je survole ce pays imprégné jusqu’à la moelle par le bouddhisme de penser aux actes que j’ai commis dans cette vie, qui détermineront ma réincarnation. À quelques milliers de pieds sous la carlingue, l’Irrawaddy déroule ses méandres entre des rives sableuses. Long de plus de 2000 km, il coule du nord au sud et attendit
jusqu’en 1934 pour enfin être enjambé par un pont à proximité de Mandalay, à croire que ça ne lui manquait pas. Dans un ultime virage avant d’amorcer la descente vers Bagan, à l’endroit où le fleuve s’arrondit, j’aperçois par le hublot une plaine desséchée et piquetée jusqu’à l’horizon de pagodes pointues. Vu du ciel l’ensemble a tout l’air d’une chaise de fakir. (…)
Photographe : Alex Crétey-Systermans
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Écrit par
Albert Zadar
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