À l’écart des grandes routes mondiales depuis des siècles, la Cappadoce est un pays d’églises creusées dans le rocher, de pistes poussiéreuses et de bergers aux allures de loups maigres. Au prix de quelques suées mémorables, le VTT permet de redécouvrir cet univers troglodytique lourd d’histoire au gré de petits sentiers méconnus. On y apprend aussi qu’en Asie Mineure, les côtes se révèlent souvent majeures.
« Crevaison ! », terrible cri de désespoir gueulé pourtant sur un ton d’exaspération contenue . Maudits chardons ! C’est la quatrième fois ce matin que leurs piquants viennent chatouiller les chambres à air. La routine est désormais bien huilée : les uns font corps autour du malheureux dégonflé pour l’assister dans ses réparations de fortune tandis que les autres, moins dégourdis, préfèrent patienter sous l’ombre chiche d’un abricotier planté le long d’un champ où des courges d’un jaune pétard s’entêtent à mûrir allongées sur la terre sèche. Quelques coups de démonte-pneus plus tard, la chambre à air est changée, l’épine retirée du pneu et la roue remontée dans une effervescence de stand de F1. Les single-tracks de Cappadoce n’attendent pas. Ces sentiers étroits et roulants, héritages des passages répétés des hommes ou des bêtes, sont fébrilement recherchés par les VTTistes pour les sensations de vitesse et le plaisir ludique qu’ils procurent. Il ne fait pas bon y rouler à deux de front, des branches abattues en travers du chemin y font faire des soleils éclatants, et de soudains rétrécissements donnent lieu à de mémorables visites de ravins. (…)
Photographe : Christophe Migeon