Laura Cahen
A/R

Entretien avec Laura Cahen

Quatre ans après son premier album, Laura Cahen revient avec Une fille soit douze chansons sensibles où s’affirme son féminisme. À trente ans, elle chante l’amour, la liberté et la nature d’une voix saisissante. Elle nous confie quelques-unes de ses cavales à travers le monde avant son concert le 23 novembre à La Maroquinerie à PARIS .

Dans quelle ambiance familiale as-tu grandi?

Dans une bonne ambiance. Mes parents sont mélomanes et j’ai toujours écouté beaucoup de musique. On a aussi beaucoup voyagé. Quand j’étais petite, ils faisaient des échanges de maisons via la plateforme Intervac. Des gens venaient dans notre maison, et nous, on allait dans la leur. Ainsi je suis allée aux États-Unis, en Angleterre, en Irlande et au Canada, plusieurs fois. Je pense encore à la maison américaine. Elle était en bois avec un jardin comme dans un tableau de Hopper. Je devais avoir neuf ans et je me rappelle avoir écouté pendant tout le séjour Buenavista Social Club sur le vieux lecteur CD. Maintenant, à chaque fois que je l’entends, ça me rappelle ce voyage.

Un voyage raté?

Je ne pense pas qu’il y ait de voyage raté, il y en a où on se sent moins heureux, triste, mais au final ça apporte toujours quelque chose. Par contre, il y a souvent plein de péripéties qui enrichissent le voyage.

Quelle jetée évoques-tu dans la chanson intitulée «La Jetée»?

Celle de Saint-Pierre qui un jour était livrée comme mon cœur à la tempête, aux vagues. Ça m’a inspiré le refrain: «La jetée, la jetée, le phare/ Je m’y suis jetée un soir/ Le vent si fort m’y poussait/ M’y poussait.» J’ai imaginé cette femme qui marchait lentement sur la jetée, poussée parle vent avec l’envie de sauter, de se jeter. Et puis j’ai rencontré Charlotte, ma petite amie actuelle.

Tu es plutôt Saint-Pierre ou Miquelon?

À Saint-Pierre comme à Miquelon, les gens sont vraiment charmants et chaleureux, tout l’opposé du climat qui est plutôt rude et notamment très venteux. C’est le seul endroit que je connaisse où les gens ne ferment pas leur maison et laissent les clés sur leur voiture. Miquelon est la plus grande île et la plus sauvage, c’est aussi la moins peuplée avec seulement 500 habitants contre 6000 sur la très petite île Saint-Pierre qui, elle, a la chance d’avoir un port abrité. J’ai hâte d’y retourner pour revoir les gens, ceux de Saint-Pierre comme de Miquelon.

Tu parles beaucoup de mer dans tes chansons, qu’est-ce qu’elle représente pour toi?

Je pense que la mer est liée à la mère; or je suis très proche de ma mère avec qui je partage une relation très spéciale. Elle-même a une relation très particulière avec la mer et sa mère. Je ne sais pas pourquoi la mer revient aussi souvent, mais je pense que la mer manque à ma mère, donc elle me manque à moi aussi.

Photographe : Franck Ferville

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Écrit par
Sandrine Mercier
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