Entretien avec Caroline Vignal

Avec Antoinette dans les Cévennes, Caroline Vignal a obtenu l’un des rares succès du cinéma français en temps de pandémie. Laure Calamy, son interprète en duo comique avec un âne, a même obtenu le César de la meilleure actrice. Retour sur les voyages de la réalisatrice.

Avez-vous fait le voyage de Stevenson dans les Cévennes avant de le porter à l’écran via votre Antoinette ?

Oui, avec le père de ma fille. Durant douze jours, nous avons marché sur les traces de l’écrivain, mais sans âne, car il nous semblait que le trajet était trop long pour le faire avec. Nous avons tenté l’expérience seulement au cours de balades plus courtes. La présence d’un âne rend les choses plus compliquées à vrai dire, il ne faut vraiment pas être pressé et nous, nous aimons marcher d’un bon pas. L’âne est un peu un boulet. Le film est né des souvenirs de plusieurs randonnées cévenoles et le scénario en a été nourri. À l’origine, il y eut une petite randonnée avec ma fille du côté de Vialas en Lozère. Plus le temps passe, plus j’apprécie ces petites explorations très proches de nous qui recèlent de véritables trésors. Sans les opposer forcément à des voyages au long cours vers des destinations très éloignées, j’estime désormais que la découverte de ce qui est autour de nous, à notre portée plus immédiate, est tout aussi précieuse, riche et bénéfique.

L’adulte que vous êtes se souvient-elle de son premier voyage d’enfance ?

Mon père a été reçu au concours interne de l’ENA le jour même de ma naissance. Comme il se doit, il a dû effectuer dans la foulée plusieurs stages à l’étranger dont un dans l’Espagne franquiste. Alors, c’est certainement mon premier voyage à l’étranger mais dont je ne garde évidemment aucun souvenir vu mon très jeune âge. À vrai dire, c’est un peu particulier, parce que mon père étant devenu diplomate, on ne voyageait pas du tout ! Nos voyages consistaient à revenir dans le Midi où nous allions retrouver mon arrière-tante, mes grands-parents et mes oncles. Toutes nos vacances se passaient là-bas : c’était notre lieu familial, notre point de chute et c’est toujours le cas.

Quel est le pays où vous aimeriez aller ?

Le Japon, sans hésiter. J’ai l’image d’un pays très exotique et qui, cependant ne me fait pas peur ! Il y a des pays qui m’attirent mais j’aurais peur d’y aller. C’est le cas de la Chine, par exemple, sans trop m’expliquer pourquoi d’ailleurs. Le Japon en revanche me paraît beaucoup plus accessible, plus simple et d’un point de vue culturel finalement plus proche de nous. C’est d’ailleurs ce qui transparaît dans les films japonais que j’apprécie. J’aurais aimé aller y présenter Antoinette dans les Cévennes, mais la pandémie a évidemment empêché tout déplacement à l’étranger.

Vous appréciez ces présentations à l’étranger lors de la sortie d’un film ?

Pour mon premier film, j’avais en effet beaucoup voyagé : à Carthage mais également au Canada, au Cameroun et en République centrafricaine, entre autres. Je me rappelle avoir ainsi été invité à un mariage en pleine brousse camerounaise. C’est la seule fois où je suis allée en Afrique noire. Mais j’ai un sentiment mitigé à propos de ces déplacements promotionnels. Ils permettent assurément de découvrir des pays, mais ce ne sont pas des conditions idéales pour le faire. On reste souvent dans un état de frustration. Et puis, il faut se méfier : on peut passer beaucoup de temps à sillonner ainsi le monde sans écrire, ni filmer : c’est très, voir trop, chronophage.

  • 1970

Naissance le 16 décembre 1969.

  • 1997

Diplômée de la FEMIS.

  • 1998

Solène change de tête, premier court métrage.

  • 2000

Les Autres filles, premier long métrage, présenté à La Semaine de la Critique au Festival de Cannes.

  • 2002

Premiers textes pour le théâtre et France Culture.

  • 2012

Divorce et fiançailles, premier scénario pour la télévision.

  • 2020

Antoinette dans les Cévennes, nommé aux César 2021 dans les catégories Meilleur scénario original et Meilleur film. César de la meilleure actrice pour Laure Calamy, son interprète principale. Le DVD du film est édité par Diaphana.

La suite de l’entretien dans AR55

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Écrit par
Laurent Delmas
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