Ouvrez grand vos oreilles et laissez vous surprendre. François Mauger vous propose son carnet sonore de l’hiver. Au programme : un entretien fruité avec Blundetto, de la rumba de Kinshasa et de l’électro des profondeurs marines. A partager et écouter sans modération.
1 – L’entretien de Blundetto
L’ancien programmateur de Radio Nova Max Guiguet alias Blundetto revient avec un album fruité et opulent, produit par un club de fumeurs de cannabis barcelonais. Explications…
Comment vous êtes-vous retrouvé lié à La Crème Garcia Club ?
C’est un club qui a un statut associatif : il n’a pas le droit de gagner d’argent, mais peut par contre investir. Ma musique était très jouée dans le club. Nous avons eu envie de faire un album spécialement pour cet endroit, qui resterait dans l’ambiance de ce que je fais depuis 10 ans.
Qu’est-ce que cela a changé ?
Concrètement, aujourd’hui, dans le milieu de la musique, surtout pour des petits labels indépendants, il est difficile d’avoir le budget pour, par exemple, travailler avec un arrangeur, obtenir une section de cordes. Jusque là, je me débrouillais avec des bouts de ficelle. Là, tout d’un coup, j’ai pu mettre en place de vrais arrangements.
Est-ce qu’on écrit différemment quand on a de tels partenaires ?
Non, parce qu’aujourd’hui le stéréotype du fumeur de cannabis des années 60 ou 70 – des gens aux cheveux longs, marginaux – ne correspond plus à la réalité. Dans ce club, les gens sont impliqués dans la vie locale, ont tous des métiers très différents. D’ailleurs, dès la première discussion, le directeur m’a dit qu’il ne voulait pas d’un truc mou de genou, pour dormir dans un canapé. J’ai pris ça comme un formidable challenge.
Où trouvez-vous l’inspiration pour tous les univers musicaux que vous créez ? Voyagez-vous beaucoup ?
J’ai pu me rendre au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Jamaïque (plusieurs fois) mais les voyages que je préfère sont méditatifs. Je suis toujours un peu déçu de mes expériences de voyage, dans le sens où ça va trop vite, où on n’a pas le temps de profiter du déplacement. J’aurais plutôt aujourd’hui une tendance au voyage lent.
À écouter : Good good things (Heavenly Sweetness)
2 – Le coup de cœur
Ray Lema Hommage à Franco Luambo (One Drop)
À 70 ans passés, Ray Lema retombe en enfance. Ou presque : le pianiste et chanteur congolais salue l’un des héros de sa jeunesse, Franco Luambo, l’incontournable maître d’une rumba toute-puissante dans les années d’indépendance. Avec quelques amis bien choisis, Ray Lema est retourné à Kinshasa, qu’il avait longtemps fui, enregistrer en public sept classiques réarrangés. Aux portes de ce concert mouvementé, savamment cuivré et soigneusement improvisé, le bon mot veut qu’« on entre KO, on sorte OK ».
3 – La découverte
Sonars La note verte (La Carène, Brest) www.sonars.io
Cousteau avait tout faux : la mer n’est pas le monde du silence. Bien au contraire. Des chercheurs se passionnent pour la façon dont les résidents des fonds marins perçoivent et habitent leur environnement sonore. Depuis qu’ils sont associés aux artistes d’une salle de musique actuelle brestoise, La Carène, l’électro frétille dans les profondeurs, le public s’immerge dans l’univers des coquilles Saint-Jacques… Ce projet un peu fou vient de décrocher le prix de l’Audace artistique et culturelle !