Paris a son « Fluctuat nec mergitur », Berlin a son « Arm aber sexy ». Moins de latin, moins de siècles, moins de solennité mais la devise « Pauvre mais sexy » est devenue quasi officielle depuis Klaus Wowereit, le maire de la ville la prononça un jour de 2003. Petite balade en cinq étapes et à la marge, dans une cité qui se montre sexy de bien des façons.
De l’art en béton
Au dix-huit, dix-neuf, vingt peu importe de la Reinhardtstrasse, si vous levez les yeux vous verrez s’élevant bien au dessus de vous, un colossal cube de béton gris, un bunker en fait. Pas n’importe quel genre de bunker. Celui-ci a des airs de palais florentin et ses plans s’inspireraient de ceux de Palladio, l’architecte de la Renaissance italienne. Vouloir se protéger des bombes ne dispensait pas d’un certain souci du style. Sorti indemne de la guerre du côté est de Berlin, on y entassa d’abord des prisonniers puis des bananes de Cuba, ce qui lui valu le sobriquet de Bananen-Bunker. La chute du mur mit fin à son régime. Il dévoila alors son côté « rock around the bunker » en se transformant en reine de la nuit. Qui l’aurait cru en 42 lors de sa construction ? Il abrita un club échangiste. Après sa fermeture par la municipalité en 1995, il connut encore quelques évènements mais son avenir restait morose. En 2003, Christian Boros, un publicitaire l’acheta pour y déployer sa fabuleuse collection d’art contemporain et accessoirement construire au sommet son appartement non moins fabuleux mais que l’on ne visite pas. (…)