Qu’on se le dise, la Flandre ne se résume pas à la prestigieuse trinité : Bruges, Gand, Anvers. Cap sur l’est de la région jusqu’à la discrète province du Limbourg où la nature et l’art se déploient en majesté. Présentation de la belle inconnue en 5 expériences.
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Visiter le royaume surprenant de Labiomista
C’était un ancien site minier et un zoo oublié, c’est devenu un laboratoire artistique ouvert sur la nature grâce au génie de Koen Vanmechelen. Cet artiste conceptuel est très porté sur l’œuf. L’un est suspendu en équilibre entre la fourche d’un arbre, un autre, colossal et taillé dans le marbre, gît sur le sol à l’horizontale… Cependant, Koen n’oublie pas les poules.
Empaillées, sculptées, photographiées, elles sont présentes jusque dans les toilettes sous forme de grands tirages centrés sur leurs yeux ronds. Koen est aussi très porté sur les oiseaux. Dans son magnifique studio conçu par Mario Botta, une première volière abrite toucans, ibis rouges, calaos… tandis que dans une seconde beaucoup plus vaste réside un couple de pygargues empereurs. Et puis, il y a le parc. Chemin faisant on déambule d’un monde domestique à un monde sauvage en apercevant parmi des œuvres monumentales, ici des lamas, là des émeus, ailleurs des dromadaires, des zèbres, des cigognes noires. Étonnant, non ?
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Arpenter Le Parc national Hoge Kempen ( Haute Campine)
Ce parc national est le seul en Flandre. Alors on ne va pas s’en priver! Surtout qu’il offre 300 km de randonnée. On peut ascensionner de majestueux terrils dont certains flancs sont tapissés de forêts drues, on peut traverser à vélo des étendues plantées de grands pins et d’immenses landes à bruyères qui dès la fin de l’été se parent de violet. Il y a aussi des chevalements pour nous rappeler que dans ce cadre rendu à la nature, on exploita le charbon au XXe siècle. Écoutons Thierry : « Le chevalement est cette structure qui coiffe le sommet d’un puits de mine. Il sert à descendre et remonter les mineurs, ainsi que le minerai. Chez nous, on l’appelle belle fleur. C’est poétique, n’est-ce pas ? » Tout à fait Thierry !
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Découvrir la nature sauvage dans la Vallée de la Meuse
Dans le Limbourg, la Meuse étant du genre à régulièrement prendre ses aises au désespoir de ses riverains, on a décidé dès 2008 de la laisser divaguer comme bon lui semble plutôt que de chercher à la contraindre. Encore fallait-il transformer ses berges sur une cinquantaine de kilomètres entre Belgique et Pays-Bas afin que l’eau puisse s’étaler sans causer de dégâts. Parallèlement un programme de retour à l’état naturel du territoire était lancé.
Et les résultats n’ont pas tardé : les castors coupent du bois, les loutres batifolent, les alouettes font des loopings, les vaches Galloway et des chevaux Konik paissent à volonté… Bref, la vie sauvage triomphe et il serait dommage de ne pas venir l’observer. Au cours des dix dernières années, la superficie de la zone naturelle a doublé, le nombre d’espèces d’insectes a doublé, la biodiversité végétale a triplé, et le nombre de visiteurs a été multiplié par dix.
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Se laisser surprendre par une église
Non, ceci n’est pas une église. Formée par la superposition d’une centaine de couches d’acier, elle représente la silhouette d’une église typique de l’Hesbaye à travers laquelle on peut apercevoir le paysage. Selon le point d’observation ou l’heure du jour, son apparence se modifie, tantôt massive ou bien légère à l’extrême, quasiment flottante.
Les gens du coin la surnomment L’église transparente en faisant le vœu qu’elle puisse inspirer l’Église qui se plaît à cacher ses secrets, certains honteux. On vient de loin et en masse pour contempler cette œuvre originale. Des Chinois l’ont tellement aimée qu’ils en ont commandé une copie. Des mariés viennent y faire des photos inoubliables. Les cyclotouristes y font étape. Faisant partie du projet Pit orchestré par Z33 (une maison d’art contemporain basée à Hasselt), l’église côtoie d’autres œuvres disséminées à Borgloon et les environs : Untitled #158, Memento, Twijfelgrens … L’art est dans le pré.
05
Vive le vélo !
Le système métrique, la machine à vapeur, le téléphone, l’hélicoptère, l’ordinateur, le robot mixeur, le concours de l’Eurovision… Tant d’inventions au service du progrès et du bonheur auxquelles il serait mal venu de ne pas ajouter les knooppunten ou points-nœuds. Gloire à Hugo Bollen qui à Genk eut l’idée dans les années 90 de créer un système de fléchage des itinéraires cyclables.
Sur le terrain, chaque intersection ou carrefour est équipé d’une balise qui comporte le numéro de l’intersection et un fléchage vers les intersections numérotées suivantes. C’est le cycliste qui élabore son parcours selon ses désirs en notant la succession des numéros qu’il doit suivre. Il lui suffit ensuite de pédaler en suivant sa combinaison de chiffres. Au Limbourg, celle-ci peut être très longue vu que le réseau de pistes cyclables s’étend sur 1 860 km au total, dont plus de 40 % est interdit aux voitures.
Y aller
En voiture. Le Limbourg est à une petite heure de route de Bruxelles, à 3h30 de Paris.
En avion. Atterrir à Bruxelles, Charleroi, Liège puis prendre une voiture ou le train
En train. Aller à Bruxelles avec Thalys puis train régional.
Manger :
’t Stasjon, As.
L’ancienne gare d’Asch s’est métamorphosée en restaurant et elle a bien fait. Des pâtes, des croque-monsieur, ces croquettes, des moules… Une halte parfaite quand on vient de pédaler dans le parc national.
t Huis Zonder Naam, Hoepertingen.
La Maison sans Nom, c’est son nom. Sans nom, mais pas sans renom. En été, on profite de sa terrasse avec vue sur un immense pâturage où quelques ongulés baguenaudent tandis que dans l’étang coassent les grenouilles.
Mijn Depot, Waterschei.
Un musée dédié à la mine, une salle de réunion et un bar-resto où l’on peut casser la croûte en buvant, le lieu s’y prête, la bière des mineurs, la Kompel.
Oud Oteren, Neeroeteren.
Sympathique restaurant qui attire le chaland avec ses travers de porc à volonté. La première fournée est déjà si imposante qu’un mangeur moyen n’y revient pas. Record à battre : 7 fournées.
Tearoom Rustique, Lanklaar.
Vous aimez les croque-monsieur, les croque-madame, les croque-hawai, les croque-bolognaise… et les frites, alors vous ne serez pas déçus.
Cette entreprise fruitière de la Hesbaye propose de succulents pique-niques dans ses vergers. On peut aussi faire ripaille dans un bistro niché dans la cour de la ferme.
Dormir
’t Hels Wijnvat, Borgloon.
Vous avez toujours rêvé comme Diogène de vivre dans un tonneau ? Le moment est venu de le réaliser le temps d’une nuit ou davantage. Vous recevez une clé pour accéder à une douche privée et un panier pour le petit-déjeuner. 90 € pour 2 personnes.
Warredal, Maaseik.
Enfant, vous avez construit une cahute au fond des bois, plus tard vous avez lu Henry David Thoreau, alors réjouissez-vous: sous le couvert d’une épaisse forêt du Limbourg, en lisière du parc national de la Haute Campine, des cabanes vous attendent. Délicieusement rustiques, elles n’en sont pas moins douillettes et spacieuses, affublées à l’extérieur tantôt d’un sauna, tantôt d’un bain suédois. Quand tombe la nuit, pour ne pas vous perdre dans l’entrelacs des sentiers forestiers, n’oubliez pas de prendre la lampe tempête posée dans la cuisine. Warredal ou la belle vie au grand air.
Plus d’infos.
Visit Limburg. Que faire. Où passer la nuit. Inspirations. Points de location de vélo. Tout ce qu’il faut savoir pour préparer son voyage.
Photos : Jeremy Suyker