Vers midi, à l’embarcadère de Bai Chay c’est l’effervescence. Venus de Hanoi, les bus libèrent les touristes après trois heures de route. Face à eux la baie d’Halong baigne dans une lumière aveuglante. Le long du ponton principal les équipages s’affairent déjà pour le départ. Sacs et appareil photo en main, les touristes piaffent d’impatience. Halong, les voilà !
À la hâte, toutes amarres larguées, les bateaux pointent leur proue vers le large, le golfe du Tonkin. Dans le lointain, au-delà des flots luisants, les pains de sucre forment une barre sombre, indéfinie. À mesure que l’on s’en approche, les rochers se détachent les uns des autres, on distingue mieux les crêtes, les plans successifs de masses coiffées d’une végétation diffuse. Ha Long signifie « La descente du Dragon ». Selon la légende, l’animal fabuleux aurait plongé dans les flots de jade pour remettre de l’ordre dans les courants trop turbulents à son goût. Ce faisant, il entailla la montagne en agitant avec trop d’insouciance sa queue. Ainsi, sans le faire exprès, il sculpta ce paysage sorti tout droit d’un songe flottant dans les brumes de l’opium. Une autre explication beaucoup moins flamboyante parle de l’érosion lente d’un plateau calcaire par les pluies, cela à l’échelle de millions d’années. (…)