Il y a des villes que l’on tient à connaître simplement à cause de la sonorité de leur nom. C’est le cas du port chilien, qui se révèle aussi beau à entendre qu’à regarder.
Je t’écris de Valparaiso où je m’installerais bien si ce n’était pas si loin. Voilà un endroit dont il est facile de tomber amoureux au premier coup d’œil, et ce n’est pas si courant. C’est le charme des villes en relief qui promettent des secrets dans les recoins de leurs vallons. Sur les cerros, les maisons en tôle, en briques ou en broc semblent parfois tenir par la seule grâce de Dieu (qui pourtant n’existe pas) en attendant le prochain tremblement de terre dévastateur (la preuve). Valparaiso possède la grâce des cités latino-américaines dont les couleurs décaties offrent au visiteur la patine du temps qui n’a pas de prix. Elle scintille de l’énergie des ports, où les cultures se croisent et finissent par s’étaler sur les murs. Au XIXe siècle, Valpo (comme on dit ici) était une escale incontournable entre les mondes atlantique et pacifique, avant que l’ouverture du canal de Panama ne l’endorme. Marins, négociants et aventuriers de tout poil venaient s’y délasser dans les bordels après le long passage du détroit de Magellan. Certains s’arrêtaient pour construire un palais excentrique en cas de bonne fortune. (…)