Écoutez, j’ai été à Tombouctou et j’en suis revenu. J’avais besoin de prendre l’air, quitter la grisaille de ma vie en France. Tombouctou répondait à merveille au besoin d’un ailleurs exotique propre à ressourcer mon esprit fatigué. Tombouctou, c’était sans nul doute une architecture préservée, des habitants authentiques, accueillants, m’offrant dans la plus pure tradition d’hospitalité saharienne un thé à la menthe servi sur des plateaux d’argent richement ciselés, dans des intérieurs au sol couvert de tapis. Ça allait être grand.
Tout commence à la gare routière de Bamako où je prends un bus à destination de Mopti. À peine sorti de la capitale et filant maintenant à vive allure, tous bagages au vent, le véhicule tangue. Je souffrirais du mal de mer si je n’avais pas une peur bleue. Le chauffeur ne conduit pas, il se bat, un sourire malin aux lèvres, pour slalomer entre nid-de-poule, bas-côtés et autres usagers de la route tout aussi déterminés. J’arrive à Mopti, dix heures plus tard, le cerveau essoré, les doigts encore crochus à force de les avoir plantés dans les accoudoirs. (…)