Australie – Tasmanie, île sauvage

Est-il rien de plus désespérant que de compter en voiture le nombre de cadavres d’animaux sur les bords des routes ? On roule depuis à peine une vingtaine de minutes au départ de Launceston et nos dix doigts ne suffisent déjà plus à faire le macabre inventaire. Pour avoir traversé sans regarder, opossums, wallabies, pademelons (marsupial ressemblant à un kangourou, mais se différenciant par sa petite taille et sa queue plus courte aux poils clairsemés qui ne dépareillerait pas à l’extrémité d’un rat parisien) ont été envoyés ad patres à grands coups de pare-chocs de bagnole. Ils ont rejoint leurs 500 000 semblables victimes comme eux chaque année de collisions mortelles. Même le diable de Tasmanie n’échappe pas l’hécatombe, mais certains voient là une raison de se réjouir. Cela prouverait que l’espèce menacée d’extinction depuis la fin des années 1990 voit sa population s’accroître à nouveau. Ce n’était pourtant pas gagné. Un cancer terriblement contagieux transmis par morsure décime en effet sa population. Le marsupial touché par la maladie voit sa face et son cou dévorés par les tumeurs. Devenu incapable de flairer une bonne charogne, incapable aussi de la manger, il ne tarde pas à littéralement crever de faim. Triste sort pour celui qui entre-temps a été officiellement élevé au rang d’emblème de la Tasmanie.

Drôle de diable

La France est fière de son coq, la Tasmanie est fière de son diable et entend bien le sauver grâce au programme Save the Devil. Il ne fut pourtant pas toujours à la fête. Classé comme nuisible, il fut impitoyablement chassé pendant plus d’un siècle au point déjà de presque disparaître et ne dut son salut qu’à son classement comme espèce protégée en 1941. Mais à quoi donc ressemble ce diable ? Rien à voir avec un koala grignotant des feuilles d’eucalyptus à longueur de journée sur son arbre ou un kangourou bondissant sans penser au lendemain à travers les prairies bien que tous les trois se flattent d’être des marsupiaux. Le diable est d’abord un cri, un grognement. Le premier colon qui l’entendit au cœur des ténèbres se dit qu’il ne verrait pas l’aube se lever. (…)

Lire la suite dans AR45

Tasmanie voyage : agence de voyage créée par Michèle Meffre, une Française du bout du monde.

Photographe : Nicolas Leblanc
Partager
Écrit par
Michel Fonovich
Voir tous les articles