San Juan de la Laguna, le Pont-Aven sur Atitlàn du Guatemala - A/R Magazine voyageur 2018

San Juan de la Laguna, le Pont-Aven sur Atitlàn du Guatemala

Sur les rives du lac Atitlàn, on ne sait plus vraiment à quel saint se vouer. Entre San Pedro, San Juan, San Marcos, San Pablo, San Lucas, San Antonio, Santa Clara et Santa Catarina, les conquérants espagnols semblent avoir épuisé les grands classiques du calendrier pour baptiser les villages. À moins d’être un yogiste végan amateur de tourisme ésotérico-branchouille, on évitera soigneusement San Marcos, fief de pseudo-gourous attrape-bobos qui moyennant quelques bonnes poignées de quetzals initient le gringo aux joies de la médecine holistique, de la danse transcendantale et du voyage intersidéral.

Mieux vaut filer vers San Juan de la Laguna, loin des vapeurs d’encens et des tapis de sol en fibres d’agave. Avec ses dizaines de fresques murales et de galeries de peinture, le village fait figure de Pont-Aven du Guatemala, capitale d’un street-art fertile et naïf. Les façades déclinent de sages scènes de tissage, de paysans occupés à biner leur champ, des forêts grouillant d’oiseaux au plumage chatoyant, des délires d’épis de maïs et même un étonnant tableau de sensibilisation au VIH avec une Indienne exhibant une planche anatomique d’organes génitaux à deux enfants qui semblent plus se soucier d’un dindon de passage tandis que deux malades du sida signalés par un ruban rouge se tiennent la tête à deux mains dans un bosquet voisin. Maria qui entretient un petit jardin de plantes médicinales n’a malheureusement rien à proposer contre le sida, mais semble avoir une solution pour tous les autres maux affectant l’espèce humaine : du marrube blanc contre l’asthme, de la grande camomille contre les maux de tête, de la mélisse officinale contre l’herpès et la tourista, du basilic contre les gaz et même du romarin à utiliser en shampoing pour éviter la calvitie…

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Église de Santiago Atitlan. Guatemala.
Photo: Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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