Sacré saké

Comment se défaire d’une fausse réputation ? Le saké se le demande encore du moins hors du Japon où le pékin s’imagine qu’il est tout juste bon en fin de repas dans un restaurant vaguement asiatique à remplir le fond d’un petit verre où se languit une femme à poil. Objection votre Honneur ! Le saké vaut mieux que cette imagerie de pacotille.

Vous, une personne de goût, vous qui savez apprécier un bordeaux ou un bourgogne, veuillez ne pas prendre le saké pour ce qu’il n’est pas, un alcool de riz de bas étage enclin à ramoner la gorge d’un affamé venant de s’enfiler une platée de sushis et sashimis. Et pour commencer, retenez que le saké est comme un vin de riz obtenu donc après fermentation et non distillation. L’absence de vinification voudrait toutefois qu’on ne l’appelle pas vin mais au diable les scrupules ! Et d’ailleurs, servi dans un verre à vin n’est-il pas comme chez lui, parfaitement détendu et tout disposé à délivrer la quintessence de ses arômes ? Titrant entre 14 et 16 degrés, il a à cet égard quelques accointances avec un vin du Languedoc plein de soleil et n’a décidément rien d’une eau de vie.

J’irai cracher dans vos jarres
Les premières présentations étant faites, permettez-moi afin de mieux le faire connaître d’évoquer son passé. Cela remonte à loin : cinq ou six millénaires. En fait le saké n’a pas l’âge de ses artères mais celui de la riziculture au Japon. Selon une légende, de jeunes vierges plutôt que de se tourner les pouces avaient entrepris de mâcher des grains de riz. Cela dura un certain temps, assez en tout cas pour que leur salive en imprégnant la céréale déclenchât la fameuse fermentation. Ainsi se plaît-on à croire que naquit le saké. Plus trivialement, il faut imaginer de solides paysans à l’hygiène bucco-dentaire douteuse de retour des champs et crachant dans des jarres remplies de riz. Et la fermentation de se déclencher. (…)

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Écrit par
Michel Fonovich
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