Au Japon, le fait d’attacher son partenaire – le bondage – ne se résume pas à une pratique sadomasochiste. C’est aussi un art qui s’enseigne et s’inscrit profondément dans la culture nipponne.
On peut aimer prendre son pied en étant attaché, ou en attachant son partenaire. Mais, pour saisir toute la moelle esthétique et philosophique de cette pratique, il faut tourner les yeux vers le Japon. Nicolas Yoroï est un Français qui pratique et enseigne le bondage. Pour parfaire sa technique, il est parti vivre quatre ans à Tokyo, dont un an et demi passé à s’initier avec un « maître » de kinbaku, une forme « plus authentique » de bondage : « Il faut trouver le geste parfait. C’est toute une façon de faire bouger le partenaire, et d’installer un rythme, de le faire chavirer. Pour cela, on doit faire attention à la température du corps et à sa respiration. » C’est aussi ce qui distingue le bondage japonais d’une certaine vulgate pornographique qui le résumerait au spectacle d’une femme ligotée, suspendue et bâillonnée, poursuit Nicolas Yoroï. Dans le bondage occidental, c’est surtout le résultat qui compte. Alors qu’au Japon le processus est plus important, à travers l’émotion. » Regardez une démonstration de kinkabu, et vous comprendrez que la sensualité des cordes qui glissent et s’entrelacent sur la peau est une façon de faire l’amour (à condition d’avoir assimilé les règles de sécurité : ne pas faire mal au partenaire, et éviter les accidents liés à la strangulation). (…)