Prononcer « rouroutou » en roucoulant. Une des cinq îles Australes éparpillées au sud de Tahiti. Ici, le temps prend son temps. Ici, rien ne trouble l’ordre naturel des choses. Ici, flotte une doucereuse mélancolie. Ici, c’est Rurutu.
Située à 574 km au sud-ouest de Tahiti. Elle fait partie des îles Australes qui bénéficient d’un climat plus frais que les autres archipels. A/R entre Papeete et Rurutu avec Air Tahiti autour de 580 € (basse saison).
La grotte du président
François Mitterrand, lui, y a passé une journée lors d’un voyage officiel. C’était le 17 mai 1990. Dans la grotte Ana A’Eo, la plus grande parmi la trentaine que compte l’île, il reçut au cours d’une cérémonie symbolique, des mains du dernier descendant de la famille royale de Rurutu, le code des lois ancestrales devenu caduc depuis l’annexion de l’île par la France en 1901. Le temps était splendide. Par la voute percée du sanctuaire naturel s’infiltrait une lumière céleste. Quelques rayons turbulents ricochaient de stalactites en stalagmites et ajoutaient à la reconstitution historique avec vahinés, danseurs et musiciens, une note de mystère. Depuis ce jour historique la grotte sacrée d’Ana A’Eo, s’appelle aussi grotte Mitterrand.
Sports et traditions
Tous ces muscles s’avèrent fort utiles quand en fin d’après-midi, les mêmes colosses mettent à l’eau leurs pirogues à balancier et alignent les allers-retours entre les deux pointes d’une baie pour se détendre un peu. Épaules carrées façon Table Mountain du Cap, et pognes capables de briser une noix de coco comme un œuf frais, bref, un équipement utile pour participer à la plus éreintante course de pirogues de Polynésie en haute mer et en lagon : la Hawaiki Nui Va’a, longue de plus de 128 kilomètres, divisée en trois étapes, entre les îles de Huahine, Raiatea, Taha’a et Bora Bora. De quoi bien occuper cinq rameurs ou rameuses en ligne, et un barreur chargé de gagner de la vitesse en surfant sur les vagues et ainsi soulager ses équipiers.
Un autre sport traditionnel réservé aux hommes permet de faire étalage de leur force, c’est le lever de pierre. Il s’agit de soulever une pierre et surtout de la stabiliser sur son épaule en levant une main en l’air. Quand ladite pierre dépasse le quintal et n’offre aucune prise particulière, la manœuvre s’avère plus que délicate et implique de posséder outre un physique approprié, une technique éprouvée. Un champion local, culminant à deux mètres et vêtu d’un simple paréo, s’empare d’une pierre qui se morfondait dans le jardin.
À la louche, elle pèse dans les cent-vingt kilos. Il s’accroupit pour la placer entre ses jambes écartées, la ceinture avec ses bras, la hisse d’abord au niveau du bassin, prend une courte pause et puis la projette sur l’épaule, tout sourire, après avoir à peine grimacé pendant l’effort. Sur son avant-bras gauche, on peut lire, tatoué en grandes lettres, le nom de Sandrine. La bienheureuse sait au moins qu’elle pourra toujours compter sur lui pour porter les valises.
Photographe : Franck Ferville
Plus d’informations : Tahiti et ses îles. www.tahititourisme.fr