Le Temps retrouvé

Éparpillées entre Moscou et la Volga, les villes de l’Anneau d’Or chuchotent une histoire ancienne et fabuleuse. Parmi elles, assoupie au bord d’un lac, Rostov la Grande qui comme les autres a subi quelques avanies au cours des siècles. Déambuler à travers ses rues où chancèlent des petites isbas, c’est remonter aux sources de la Russie, plonger dans son âme et se confronter à ses démons.

« En ce temps-là… j’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes… » En ce temps-là, c’était l’été dernier à Moscou et les vers de la Prose du Transsibérien se bousculaient dans ma tête. « Mon coeur brûlait comme la place Rouge quand le soleil se couche ». Si tu avais pu voir ça, mon cher Cendrars. À Moscou, le soleil ne se couchait plus ou du moins on ne le voyait plus se coucher. Les incendies qui cernaient la ville avaient déposé un linceul de fumée qui escamotait les bulbes bigarrés de la cathédrale Basile-le-Bienheureux et l’immense gratte-ciel de l’université Lomonossov. Respirer était devenu dificile. Les Moscovites, fantômes dans un brouillard de cendres, se hâtaient dans les rues en posant devant leur bouche un mouchoir, un vêtement ou carrément un masque anti-poussière. Combien de temps cela allait-il durer ? Il fallait partir, quitter la ville pour ne plus suffoquer. Filer assez loin des forêts et des tourbières en feu, filer vers le nord jusqu’à Rostov Veliky, une terre promise pour tous les emboucanés de Moscou qui n’aspiraient plus qu’à une chose : un peu de fraîcheur. (…)

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Photographe : Elena Chernyshova
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Écrit par
Marc Durel
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