Rajasthan – Les gardiens de la terre

Écologistes avant l’heure, les Bishnoïs n’ont pas attendu l’apparition du réchauffement climatique et la COP21 pour s’intéresser à l’environnement. Depuis le XVe siècle, ils vivent au service de la nature et des animaux qu’ils vont jusqu’à protéger au péril de leur vie.

Les nuits sont fraîches en automne au Rajasthan. Parteek et Kailash en savent quelque chose. Les deux amis sont réveillés à l’aube, les membres meurtris par le vent qui souffle en petites rafales piquantes sur le toit de l’ashram. Ils ont passé la nuit enlacés sur une table en bois, grelottant sous les étoiles. Malgré un repos de courte durée, Parteek bondit tel un tigre hors de sa couche et enfile son dhoti blanc de cérémonie. Arrivé la veille de l’Haryana, à 600 kilomètres au nord du Rajasthan, cet étudiant en informatique ne raterait cette journée pour rien au monde. Dans la pâleur du jour naissant, des volutes de fumée noire répandent le parfum familier de la noix de coco brûlée. Le signal est donné, il est l’heure de se mettre en route pour le temple. Deux fois l’an, les membres de la communauté bishnoï se rassemblent à Mukam, dans le désert du Thar, pour honorer la mémoire de leur prophète. Un pèlerinage réunissant plus de 500 000 fidèles qui se pressent autour de feux sacrés, brûlent des copeaux de coco, prient en groupe et repartent purifiés.

Un gourou, des bishnoïs

Les Bishnoïs sont les membres d’une communauté vishnouïte créée en 1485 par Jambeshwar Bhagavan ou « Jambhoji », comme le nomment respectueusement Parteek et les siens. Gourou écologiste avant l’heure, ce sage hindou qui a donné son nom à l’une des plus grandes universités du pays prônait au XVe siècle le respect de toute forme de vie sur terre. Face à la désertification déjà à l’œuvre, Jambhoji conclut qu’il fallait agir pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Il édicta pour ses disciples un chapelet de règles et de préceptes allant de la défense des animaux à la sauvegarde des arbres, en passant par la méditation et le pardon. (…) Lire la suite dans AR32

Ce reportage a été réalisé en collaboration avec Anne Pastor (France Inter)

Photographe : Jeremy Suyker
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Jeremy Suyker
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