Depuis ses origines dans le Diois jusqu’à sa confluence avec le Rhône, la vallée de la Drôme est devenue depuis quelques dizaines d’années un vrai laboratoire à ciel ouvert où le développement se veut durable et la sobriété heureuse.

Tout a commencé dans les années 1970
Sous les pavés de mai 68, une partie de la jeunesse découvre la terre, ou en tout cas l’envie de renouer avec elle. La Drôme fait partie de ces départements qui voient débouler plusieurs vagues de jeunes gens en quête de cohérence écologique et d’autonomie, bien décidés à oublier le modèle capitaliste de leurs parents. Un grand nombre est reparti ailleurs chercher une feuille de paie. Mais les bons sont restés dans la vallée.

Voici quelques années, qu’Alain a adhéré à Biovallée, une association créée en 2012 pour regrouper entreprises, associations, collectivités et particuliers autour d’initiatives visant à faire de la vallée de la Drôme une référence nationale en matière de développement durable. Recherche de l’autonomie énergétique, modification des pratiques agricoles et alimentaires, transformation des habitudes de consommation, réduction des déchets et des déplacements… autant de louables et saines aspirations pour favoriser l’économie locale et préserver les ressources naturelles.
Distillerie des 4 vallées. Visite guidée gratuite pour vraiment connaître la lavande, atelier de distillation à l’ancienne, boutique de produits artisanaux, découverte de différents alambics de tout âge…
Éloge de la modération
Le centre des Amanins à la Roche-sur-Grâne a été l’une des premières structures à rejoindre Biovallée. En 2003, Pierre Rabhi, paysan philosophe et Michel Valentin, chef d’entreprise en quête de sens, décident d’unir leurs talents pour monter une ferme différente où l’économie serait réconciliée avec l’écologie, où les paysans seraient à la fois respectueux de l’humain et de la terre nourricière.

L’idée est d’accueillir du public pour lui montrer qu’il est possible de manger sainement sans abîmer l’environnement. Mais aussi de se libérer d’un superflu qui lui a fait perdre le lien avec la nature. Bref, le convertir aux joies de la sobriété heureuse.
Les Amanins. Visite de la fameuse ferme agroécologique lancée par Pierre Rabhi et Michel Valentin. Ateliers pédagogiques, stages découverte, séjours vacances. Visite de la ferme gratuite. Déjeuner 19,50 €.
Métier lavandicultrice
Avant les champs de lavande, Odile Guerpillon-Tassi avait un joli tailleur et travaillait dans la communication du côté de Lyon. L’amour des plantes, l’envie d’une vie plus éthique, en phase avec la nature l’a conduite voici 6 ans à racheter 9 ha de collines griffées de rangs de lavande et une vieille ferme à brebis du côté de La-Bégude-de-Mazenc.


Odile Guerpillon, patronne de l’Essentiel de Lavande © Christophe Migeon
Le maire du bled, qui la prend sans doute pour une citadine désireuse de jouer les fermières du week-end, ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Qu’importe. Ouvert en 2020, l’Essentiel de Lavande propose désormais aux visiteurs de vivre une expérience sensorielle inédite au cœur de la culture bio de lavande fine et de lavandin.
L’essentiel de lavande. Tél. : 06 62 86 64 12,
Dans la Vallée, la vie est une boîte de chocolats
Comme disait la maman de Forrest Gump, « la vie, c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Patricia Tripotin pouvait-elle imaginer il y a encore deux ans qu’elle allait reprendre une chocolaterie perdue à Beaufort-sur-Gervanne au bord du dépôt de bilan ? D’autant qu’elle n’aimait pas le chocolat ! Elle est pourtant en train de positionner les chocolats Frigoulette sur le haut de gamme et commence à faire rayonner la marque au-delà du territoire drômois.

Sans lait, sans gluten, ses chocolats se conservent longtemps. La gamme se décline en tablettes au gingembre, aux oranges confites, en papillotes, en truffes au praliné, en chocolats à la lavande, à la framboise, à l’églantier ou anis du Kurdistan… Depuis Patricia a appris à aimer le chocolat !
Chocolats Frigoulette. Tél. : 04 75 43 09 75,
Visite de l’atelier sur réservation (1h30) et dégustation dans la boutique (8 €). Atelier de fabrication d’orangettes ou de mendiants (2h, 55 €).
Descente en rappel de la tour
On prend la route de Crest, l’autre village drômois où l’on vénère les Quatre Accords toltèques. La ville, dominée par son immense tour, se repère de loin. La forteresse du XIIe siècle, perchée sur une crête rocheuse, a été transformée en prison d’État après son démantèlement en 1633.

La tour propose une descente en rappel de la muraille Est. Une fois le baudrier enfilé, il n’y a plus qu’à faire preuve d’une intrépidité de chat de gouttière pour enjamber le garde-corps et se laisser glisser vers son destin.
La Tour de Crest. Plus haut donjon de France avec ses 52 m. La tour offre une vue exceptionnelle sur la vallée, et, plus précisément sur la forêt de Saoû et les contreforts du Vercors. Visite du musée 9,50 € + 10 € pour la descente en rappel de la muraille, encadrée par des professionnels brevetés d’État (les mercredis et samedis de l’été).
À FAIRE
Chemins. Avec Alexandre et Étienne, le voyage se veut régénérant, ressourçant et apprenant. Le tout à bas-carbone puisque tout se fait à vélo électrique, que l’on transporte soi-même ses bagages et que les départs se font près des gares. Ils ont soigneusement sélectionné les hébergements et les itinéraires. Promesse de belles rencontres, d’ateliers créatifs et de savoureuses dégustations.

Ex : Itinéraire des trois châteaux (Grignan, les Ademars, Suze la Rousse) avec découverte miel, vin, lavande chez des petits producteurs, à partir de 340 € les 3 jours /2 nuits, petits-déjeuners et pique-niques inclus.
La ferme de Matt et Lili. C’est une belle vie de cochons que celle des cochons de Mathieu et Allison Chambon. Courte – 10 mois pour la plupart –, mais belle, en tout cas au grand air, avec des petites cahutes pour faire la sieste au frais. Dans la vaste boutique qui regroupe une quarantaine de producteurs locaux, on retrouvera la spécialité maison, le cuissot de porc en cuisson lente au four à bois.
Drôme Roulottes. Pour traverser la Drôme en roulotte avec un meneur. Couchage pour 4 personnes (2 adultes, 2 enfants). Thierry Olivier conduit la roulotte le matin et la dépose dans un camping. Les gens découvrent le pays tranquillement et reviennent le lendemain. À partir de 3 jours / 2 nuits, 818 €.

DORMIR
Le Saint Thiers, Saoû. Une ancienne auberge au cœur du village, entièrement rénovée. Au RDC un salon de thé et une terrasse ensoleillée et à l’étage trois appartements pour deux personnes. À partir de 100 € la nuit.
Drôme Esprit Nature, Le Poët-Célard. 3 yourtes mongoles et 3 tentes cabanes (4 couchages chacune) sur une colline de plus de 6 hectares. Avec une vue exceptionnelle sur le synclinal perché de Saoû et ses Trois Becs. 115 € la nuit pour deux personnes.
Ferme de l’Oadie, Les Fondeaux. À 15 min de Die, 3 belles tentes confortables (2 à 5 places) face à la montagne du Glandasse tenue par Valérie, une ancienne musheuse. Nuit 60 € pour 2 personnes. Dîner 20 € (sur demande). Tél. : 06 83 52 60 74

Ce reportage est à retrouver dans son intégralité dans le AR N°68, disponible en kiosque et sur notre boutique.
