Pour un jeune homme comme toi, n’est-ce pas un peu tôt pour écrire ses mémoires ?
Ce n’est pas une question d’âge, plutôt, une question de maturation. Je suis arrivé à un point où je me suis dit : « Ça y est, c’est le moment ». Officiellement, je devrais être en retraite depuis 7 ans, mais bon, voyager, c’est un métier que l’on n’arrête pas comme ça, mon modèle étant Théodore Monod qui à 92 ans continuait d’herboriser dans les dunes de Mauritanie. Je n’y arriverai pas, je ne me fais aucune illusion, mais je vais decrescendo : il y a 2 ans, j’ai commencé à écrire quelques bribes et l’année dernière, j’ai eu la révélation, comme la petite ampoule qui s’allume dans la tête de Milou dans Tintin. Donc j’ai moins voyagé pour me consacrer durant 5 mois à l’écriture des Chroniques.
Pourquoi parler de chroniques, d’ailleurs ?
C’est un clin d’œil à un pote à moi, l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier et à un de ses livres, Chroniques japonaises, que j’adore. Comme lui, j’ai écrit mes mémoires, mais sous forme de chroniques, de petites histoires.
Nicolas Bouvier écrivait très lentement. Et toi ?
Tout le contraire. L’écriture s’est révélée extraordinairement fluide. Je n’ai même pas eu besoin de me replonger dans mes notes ! Pourtant, quand tu voyages pour Le Routard, tu amasses un paquet d’informations dont seulement un tiers te servira. Si Le Routard a construit sa réputation sur une forme d’irrévérence, tu ne peux quand même pas raconter dans le guide tes coups de gueule, tes coups de sang, tes moments de blues, évoquer des expériences trop personnelles. Un guide n’est pas fait pour ça. (…) Lire la suite dans A/R 39