« Not’île, not’fierté » disent les Réunionnais le torse bombé. Il faut dire qu’il y a un peu de quoi. Une géologie tarabiscotée a favorisé la multiplication des milieux naturels. Plus d’une centaine de types d’habitats ont été recensés. Il est rare de rencontrer une telle profusion de paysages sur une surface aussi réduite. Cette année, c’est la consécration, avec l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO des pitons, cirques et remparts. Les deux tiers de l’île sont classés parc national.
Avant de chausser ses brodequins favoris et de s’élancer sur les sentes du joyau des Mascareignes, il s’agit de se remettre en mémoire les vieux cours de géologie du collège, ceux qui parlent de remontées magmatiques éructées par d’énigmatiques points chauds gargouillant au fond des océans. La randonnée sur l’île de la Réunion, fruit de l’une de ces flatuosités de l’écorce terrestre, va se plier aux exigences d’un relief original et sans concessions. Au nord, un ensemble de trois cirques gigantesques, Mafate, Cilaos, et Salazie, s’articule autour du Piton des Neiges, l’ancien volcan actif, remplacé depuis quelques milliers d’années par le bouillonnant Piton de la Fournaise qui règne en maître incontesté sur le sud de l’île. Pour protéger ces paysages d’escarpements sauvages, d’abimes encaissés et de boursouflures dantesques, les deux tiers de l’île ont été déclarés parc national en 2007, dont 40 % érigés en sanctuaire « cœur de parc ». Derrière Mare-à-Vieille Place, la route, après des tours et des détours à faire vomir un pilote de rallye, finit même par laisser tomber et vous plante, encore tout étourdi et nauséeux, sur le bitume d’un parking où on a encore le plaisir de se faire extorquer 10 € par nuit pour espérer retrouver son véhicule sur ses roues. (…)