Oman – Les voies royales du sultanat

À Oman, un couple de Français décline sur le mode de la via ferrata deux itinéraires panoramiques entre ciel et terre, deux cheminements aériens à flanc de paroi qui laissent pantelant et tout étourdi. Entre randonnée et escalade, jetez un œil neuf sur le Djebel. 

Tout commence par une paisible traversée en kayak alors que les pailles-en-queue se chamaillent dans l’azur. Au large, l’île de Bandar al Khayran prend des airs de Léviathan indolent, flottant sous le grand soleil. Seul le frémissement de mystérieux bancs de poissons vient troubler la surface. Qui pourrait croire que nous sommes en route pour une via ferrata ? Débarquement furtif dans une crique de sable blond avant de traverser l’île au petit trot au milieu des touffes de plantes halophytes et de gagner les falaises offertes à la mer. Cliquetis des mousquetons accrochés au baudrier. Des bourrasques qui ont sans doute pris leur élan, là-bas en face, du côté de l’Iran ou du Pakistan, fouettent les visages. Enfin, le voilà, ce fameux câble, cette précieuse « ligne de vie » — comme ce nom est rassurant … — notre plus fidèle ami, notre meilleur soutien au propre comme au figuré pour cette traversée de 500 m au dessus des flots. Tel un serpent interminable, il se déroule en vaguelettes le long de la paroi pour se perdre enfin dans la pénombre d’une grotte. Les mains fébriles font ce qu’elles peuvent pour ajuster les casques et fixer les deux longes au câble. Il va falloir y aller. Les doigts fouillent la roche à la recherche d’aspérités et se refusent à la facilité du câble. Cela ne dure qu’un temps. Après avoir accumulé sous leurs ongles un demi kilo de roche sédimentaire et friable, ils changent curieusement d’avis, et se décident à empoigner furieusement la ligne de vie, qui décidément n’a jamais aussi bien porté son nom. 30 m plus bas, la houle pique une grosse colère contre les rochers qui osent entraver sa course. (…)
Photographe : Christophe Migeon
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Écrit par
Christophe Migeon
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