Je t’écris de Katmandou, où je ne vais pas rester une minute de plus, car cette ville est littéralement irrespirable. Les gaz d’échappement et la poussière se combinent pour limiter l’espérance de vie des habitants qui n’ont pas besoin de ça, car ils ont déjà pris assez cher avec le tremblement de terre de 2015 qui a emporté au moins 8000 personnes et ravagé les temples de Durbar Square. Les enfants dessinent les rivières en noir, ce qui en dit long sur l’état sanitaire de la ville.
Je me barre donc immédiatement pour Pokhara, à 200 kilomètres de là. Il faut environ 8 heures pour y arriver, car la route goudronnée a largement disparu dans les poches de quelques fonctionnaires corrompus. Longue succession de pistes caillouteuses, embouteillages de camions poussifs, tableau apocalyptique contrastant avec la stupéfiante beauté du paysage. Le Népal, c’est un pays qui monte. Il commence au bout des plaines tropicales indiennes, grimpe vers les collines et les rizières du Teraï, se hisse dans les vallées profondes avant de buter sur les plus hautes montages du monde. Au milieu, il y a Pokhara : un paradis de poche niché au bord d’un lac surplombé par la chaine des Annapurnas. C’est le rendez-vous des routards fainéants et des trekkeurs motivés. Sérénité garantie. Ici, on fume des joints au restaurant équipé de bâtons de marche, on descend des bières en Patagonia au Busy bee, l’épicentre de la teuf locale. La vie y est peu chère, il est facile de rester bloqué quelques semaines, quelques mois, une vie. On a le choix : glandouiller ou prendre de l’altitude. (…) Lire la suite dans AR37