Mexique : En passant par le Yucatán

La péninsule du Yucatán est dorlotée par le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. Les Mayas l’appellent Mayab. Trois États s’y blottissent: le Campeche, le Quintana Roo et le Yucatán. Direction le Yucatán pendant la fête des morts, où l’on fait plouf dans les mystérieux cénotes. Et où l’on visite des temples mayas.

paysage Mexique
Photo de Yucatán Travel

Sacrés cénotes

Il y a 66 millions d’années, un astéroïde a heurté de plein fouet notre chère planète dans le Yucatán ce qui a donné une myriade de merveilles géologiques et aquatiques où l’on peut batifoler. À chaque endroit où la voûte s’effondre, un trou apparaît qu’on appelle cénote, un mot qui vient du maya dz’onot, signifiant «puits sacré». Pour eux, ils constituaient d’inestimables sources d’eau douce en l’absence de rivières à la surface de la péninsule et un moyen de communiquer avec l’inframonde Xibalbá traduit par «lieu de la peur» où sévissent les dieux de la mort et de la maladie.

On en compterait entre 6 000 et 10000 dans la péninsule mais un quart seulement serait répertorié pour le plus grand plaisir des touristes avides de baignades insolites. Aucénote Chukum près de Valladolid, on vient pour passer du bon temps. Après avoir enfilé vite fait un maillot dans le vestiaire, je m’élance en direction de l’escalier qui s’enfonce sous terre. Plongeoirs, cordes balançoires, tyroliennes constituent une stupéfiante base de loisirs nautiques ce qui ne l’empêche pas de conserver une puissante aura.

Nos Top 3 des sites mayas

01

Chichén Itzá

paysage temple maya Mexique
Photo de Bruno Morandi

L’une des 7 nouvelles merveilles du monde avec le Taj Mahal, le Colisée, Machu Picchu… La plus haute pyramide du site, le Kukulkán –nom maya de Quetzalcóatl, le «Serpent à plumes» –recouvre deux autres pyramides, plus petites, emboîtées l’une dans l’autre, comme des poupées russes. Ne pas espérer un tête-à-tête avec Quetzalcóatl, il y a foule, quant aux marchands de souvenirs, ils sont partout, à l’extérieur comme à l’extérieur du site.

02

Uxmal

paysage temple maya Mexique
Photo de Bruno Morandi

C’est le seul site qui possède une pyramide à base ovale. Il s’agit de la pyramide du Devin qui se distingue aussi en étant plus haute que le Kukulkán à Chichén Itzá. Autre curiosité: le palais du gouverneur, long d’environ 100m, très richement décoré, il est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de l’art maya. Un spectacle son et lumière raconte certains soirs de la semaine l’épopée de la cité.

03

Mayapán

paysage temple maya Mexique

Un site qui a la bonne idée de se tenir à l’écart des grandes routes touristiques. Conséquence: on le visite dans le calme et en toute décontraction. On peut même grimper sur sa pyramide, une réplique réduite de celle de Chichén Itzá, et sur les autres monuments. On ne sait pas combien de temps ça va durer. Mayapán fut quand même la capitale du peuple Maya entre le XIIIeet le XIVesiècle, alors respect!

L’art de nettoyer les os des morts

Venancio Tuz

Au fronton du cimetière de Pomuch(Campeche), ces deux mots peints d’une belle écriture cursive en bleu sur un fond blanc immaculé: Respecto y Silencio. Il manque cependant Fantasía. Il suffit d’entrer et de se faufiler entre les allées étroites pour comprendre. Entassées les unes sur les autres, collées les unes aux autres, les tombes déploient un patchwork de couleurs pop à faire triper un amateur de substances psychoactives. Souvent la tombe se réduit à une niche dans laquelle est posée une caisse de bois. Son couvercle est soulevé ou carrément enlevé pour exhiber des crânes, quelques-uns encore chevelus, et une panoplie d’os. Côtes, tibia, fémur, radius … c’est selon, mais le compte n’y est pas.

À vivre au grand air toute l’année, les macchabées finissent par égarer quelques osselets. Armé d’un pinceau, Venancio Tuz s’affaire sur un crâne: «C’est celui de mon grand-père. Il est décédé, il y a 35 ans en tombant d’un arbre. Après l’inhumation, il faut attendre 3 ans avant de disposer d’un squelette prêt à la toilette. Chaque année, je le nettoie à l’occasion de la fête des morts. J’espère que j’aurai droit aux mêmes attentions, que mes enfants prolongeront la tradition.» L’État de Campeche aussi qui a inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’État de Campeche cette pratique que les Mayas appellent Choo Ba’ak.

L’or vert du Yucatán

plantations agaves Mexique
Photo de Yucatán Travel

Au Mexique, certains agaves (un genre de plantes succulentes) servent à élaborer des alcools bien connus: tequila, mezcal, pulque. Un autre, l’agave henequén sert depuis des temps immémoriaux à produire des cordages grâce à sa fibre, aussi appelée henequén, mais connue internationalement sous le nom de sisal. Sisal comme la ville de l’état du Yucatánd’où on expédiait par bateau des tonnes de cordes à destination du monde entier. Entre la deuxième moitié du XIXesiècle et le début du XXe, le commerce est florissant. La capitale Mérida voit alors fleurir dans ses rues des demeures tape-à-l’œil, celles des prospères propriétaires des haciendas où l’on plante, récolte et transforme les agaves.

Les plus riches, une vingtaine de familles, forment une classe à part, la Caste Divine. Les haciendas elles-mêmes sont sublimes toujours organisées autour d’un vaste et gracieux bâtiment principal où habitent les maîtres quand ils viennent inspecter. Et qui a le privilège d’y «travailler»? De pauvres paysans (péons) réduits en esclavage, soumis aux punitions corporelles, endettés auprès de leurs maîtres de génération en génération. L’invention du nylon dans les années trente viendra mettre un terme à l’âge d’or du henequén. Laissées à l’abandon pendant des décennies, les haciendas connaissent aujourd’hui une nouvelle jeunesse avec le développement du tourisme.

À visiter : L’hacienda Sotuta de Peónà Tecoh.

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Photo de Yucatán Travel

Créée en 1858, elle propose une visite de la somptueuse maison de maître, des jardins et de tous les bâtiments affectés à la production. Démonstration de l’usage des machines-outils. Balade en wagons tirés par un âne jusqu’à un ravissant petit cénote blotti dans une grotte. On nage dans une eau douce et translucide parmi les stalagmites et les stalactites. Possibilité de dormir dans des cabañas mélangeant styles maya et colonial.

Plus d’infos : https://yucatan.travel/fr/

Pour faire du tourisme durable dans le Yucatán

Agence Co’ox Mayab

Co’ox Mayab (en français “Allons dans la péninsule du Yucatán”, le Mayab étant le nom donné à la péninsule par les Mayas) est une union d’entreprises socialesengagées à promouvoir la pratique durable d’un tourismeresponsable, solidaire, équitable et conscientau Yucatán.12 destinations pour découvrir la biodiversité de la faune et de la flore ainsi que la culture maya d’hier et d’aujourd’hui tout en participant au développement des communautés locales.

Lire la suite dans AR 62 – printemps 2023

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Écrit par
Michel Fonovich
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