Maylis de Kerangal, Lignes d’horizon

Maylis de Kerangal a construit toute seule un pont et une ville quelque part en Amérique mais ça pourrait être ailleurs. La geste s’appelle Naissance d’un pont. Maylis de Kerangal a pris le train pour voguer sur un océan : la Sibérie. Elle en a rapporté une aventure géographique et sensorielle : Tangente vers l’Est. Embarquement immédiat pour le voyage et prière d’attacher sa ceinture car son écriture est du genre qui palpite, qui charrie, qui résonne.

Maylis de Kerangal, c’est un nom romantique qui sent bon la lande et les embruns, qui fait penser aux Kerguelen. Est-ce qu’il prédispose à l’imaginaire et au voyage ?

On me demande souvent si c’est un pseudo, mais c’est mon vrai nom. J’aime bien réfléchir dans mes romans et dans la vie à l’influence des noms propres sur les personnages. Mon prénom vient des Landes. Kerangal c’est la Bretagne, la « maison du Français », de celui qui parle le français. Je trouve ça rigolo vu que parler français, c’est quasiment mon métier.

Votre père et votre grand-père étaient capitaines au long cours. Vous êtes née à Toulon. C’est déterminant ?

C’est vrai que les hommes de ma famille sont dans la marine marchande depuis mon arrière-grand-père. Ça m’intéresse de voir ce que produisent dans l’imaginaire ces longues absences en mer. Ceux qui restent accrochent dans les cuisines une carte et suivent le voyage avec des petits points. Le fait que mon père n’était pas là me renvoie vraiment à la carte et à mon amour des cartes par exemple.

En 2010, vous êtes invitée avec d’autres écrivains français à voyager dans le Transsibérien jusqu’à Vladivostok. Vous avez d’abord songé à refuser. Pourquoi ?

Une sociabilité purement littéraire dans un confinement comme celui du train avait quelque chose d’un peu impressionnant. Finalement, j’ai accepté avec enthousiasme car je n’étais jamais allée en Russie (…).

Photographe : Héllie Gallimard

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Écrit par
Michel Fonovich
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