Comment l’idée d’Elemen’Terre a-t-elle germé ?
Je crois que l’idée remonte à mon enfance. Aujourd’hui, je me souviens de dîners hallucinants quand j’habitais chez mes parents. Des chefs d’état-major y côtoyaient des artistes, des navigateurs, des explorateurs. Je me suis imprégné de tout ça. Un matin, il y a trois ans, je me suis levée et ça m’est tombé tout cuit dans le bec, comme une révélation. J’allais créer Elemen’Terre sur le modèle des dîners de mon enfance. La seule différence, c’est que les rencontres auraient lieu à bord de Pen Duick VI ; quoi de plus naturel quand on s’appelle Tabarly.
Votre tour du monde de quatre ans fera aussi l’objet d’un documentaire, quel message voulez-vous faire passer ?
Notre message, c’est que la vie est précieuse. Il est temps d’en prendre conscience. Pour moi, l’art et le sport sont deux moyens d’y parvenir, car ce sont des formes d’expression universelles. Tel artiste apportera sa poésie, telle alpiniste apportera son regard sur les changements climatiques. À chaque escale, un épisode et un thème, en fonction de ce que nous trouverons sur place. Je n’ai pas voul écrire les scénarios à l’avance. S’il n’y a plus de place pour la surprise et l’émerveillement, autant voyager dans son salon ! Vous dites que derrière chaque peur se cache un désir.
Avez-vous peur de piloter le Pen Duick VI ?
C’est un bateau sur lequel je me sens bien, où j’ai passé mes vacances durant ma jeunesse. Il est maintenant fin prêt pour l’aventure après avoir été réparé. Il a énormément de charisme, une âme, tout comme les ambassadeurs du projet. Eux aussi sont prêts et partagent mon désir : faire d’Elemen’Terre une expérience utile. Mais c’est devenu une grosse machine et j’ai peur de décevoir, comme toujours. L’essentiel c’est d’avancer avec optimisme, on sait que les consciences peuvent encore changer. Première étape : Lorient — Groënland. Elle sera accompagnée par Théo Sanson, funambule et highliner, le peintre Jacques Godin et le navigateur Franck Cammas.
Propos recueillis par Jérémie Vaudaux