Il peut arriver de se retrouver tout seul dans la Cité des Anges avec une journée à perdre (ou à gagner). Ça m’est arrivé et j’ai fait ce que j’ai pu.
Je suis arrivé à Los Angeles par un vol de jour partant d’Amsterdam. Dit comme ça, ça n’a l’air de rien, mais l’avion traverse tout de même un quart de planète en suivant le soleil. Passées les côtés irlandaises, on délaisse l’humanité pour survoler l’Atlantique, le Groenland, la banquise qui s’effrite, la baie d’Hudson et la forêt boréale canadienne. J’ai passé sept heures collé au hublot, suspendu au monde sans détecter de forme de vie – ni route, ni habitation, ni rien – avant de redescendre vers une mégapole de 18 millions d’habitants. Je suis déjà venu deux fois dans cette ville qui m’a d’abord donné un goût de « n’y reviens jamais », puis j’ai changé d’avis sans trop savoir pourquoi. Ce doit être le charme vénéneux de cette Californie concentrant le pire et le meilleur des États-Unis d’Amérique, avec cette amplitude culturelle – Bukowski et Paris Hilton – qui ne cessera jamais de m’étonner.
Une journée à perdre
Je suis venu ici pour interviewer un grand écrivain pour un grand journal. Le grand écrivain m’a ouvert la porte en pyjama. Il a répondu à toutes mes questions sans se défiler et, fidèle à sa légende, il m’a confirmé qu’il avait « dépensé trop d’argent dans les fêtes et la drogue » au cours de son existence. Après l’entretien, nous sommes allés dîner avec ses potes. Je lui ai demandé quelle était la chose à faire quand on a une journée à perdre (ou à gagner) dans la Cité des Anges (…).