L’Indre, cette belle inconnue

C’est injuste, mais l’Indre n’a jamais été bien à la mode. Avec ses étangs, ses villages et ses châteaux, on aurait pu s’attendre à un peu plus de notoriété. Alors, partons déguster l’Indre en petites goulées de nature et d’histoire.

Le château Raoul à Châteauroux vu de la rue des ponts. Chateauroux. Indre.

La maison de George Sand

Si Ferdinand VII, prince des Asturies, n’avait pas offert ce fougueux étalon à Maurice Dupin de Francueil, il n’en serait pas tombé pour se briser la nuque et sa fille Aurore Dupin n’aurait pas été recueillie dès ses 5 ans par sa grand-mère dans son vaste domaine de Nohant. Alors, la future George Sand n’aurait jamais vécu cette enfance berrichonne faite d’évasions pastorales et de chevauchées bucoliques qui plus tard fournira la matière à ses nombreux romans champêtres, tous enracinés dans un territoire fictionnel qu’elle nomme « la vallée noire ».

Domaine de Nohant, propriété de George Sand. Indre.

C’est ici et non à Paris qu’elle commence à porter le pantalon, bien plus commode pour monter à cheval. Au décès de sa grand-mère en 1821, elle hérite du domaine qui est alors le plus important du département. Après de nombreux allers et retours entre la capitale et Nohant, l’écrivain s’y installe définitivement en 1853 et y reçoit en robe de chambre et cigare au bec une flopée d’artistes et autres écornifleurs venus chercher l’inspiration à la campagne : Liszt, Balzac, Dumas fils, Flaubert, Tourgueniev, Delacroix…
Maison de George Sand à Nohant, entrée 8 €.

Les étangs de la Brenne

À l’ouest de l’Indre, à la rencontre du Berry, de la Touraine et du Poitou, s’étendent les luxuriances marécageuses de la Brenne, une constellation d’étangs bleus dans leur ceinture de roseaux jaunis, saupoudrée de landes de bruyères et de prairies à l’herbe grasse. Toutes ces pièces d’eau sont l’œuvre de l’homme qui n’a rien creusé, mais a levé des digues à partir du XIVe siècle pour remplir les cuvettes argileuses et y élever du poisson.

Étangs vers Meobecq. Indre.

Chaque hiver, les étangs sont vidés les uns après les autres, carpes, tanches, gardons et brochets, regroupés devant la bonde, sont pêchés en plusieurs coups de filet. Une tradition si insolite, que depuis décembre 2021, la pisciculture de la Brenne a été inscrite à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco…
Maison du Parc naturel régional de la Brenne, entrée libre.

Fromages berrichons

Impossible de venir dans la Brenne sans planter son opinel dans l’un des fleurons de la gastronomie berrichonne. Le Pouligny-Saint-Pierre est un fromage rare. Son AOP est la plus petite des appellations françaises et on fête ses 50 ans cette année. « Il paraît que ce serait inspiré du clocher des églises, mais rien n’est sûr », raconte Vanessa Boisdet de La ferme de Bray, qui s’y consacre depuis 10 ans. D’autres racontent que Talleyrand, propriétaire du château de Valençay, aurait offert un frometon en forme de pyramide à l’Empereur, qui, n’appréciant pas ce cuisant souvenir égyptien, l’aurait étêté d’un coup de sabre.

Vanessa Boisdet, productrice de Pouligny-Saint Pierre et ses chevres. Ferme du Bray. Martizay. Indre.

En tout cas, avec ses 11 jours d’affinage minimum, dont au moins quatre passés au hâloir, le Pouligny est un fromage à pâte très fine et à texture crémeuse et fondante. Les connaisseurs distinguent l’affinage de couverture blanc ivoire de goût caprin et l’affinage de couverture bleutée aux arômes de champignons et de sous-bois. L’un et l’autre passent très bien avec un bout de pain et un coup de rouge. Ils sont vendus 4,30 € à la ferme… et se retrouvent en vitrine chez d’impudents fromagers parisiens à plus de 10 €. L’ancien fromage du pauvre concocté dans les fermes brennouses pour la consommation familiale a pris du galon.
La ferme de Bray, à Martizay. Vente à la ferme tous les matins de 9 h à 12 h et le soir de 18 h à 19 h 30.

Dormir

Le Moulin de Baratte. Un ancien moulin et un vieux rendez-vous de chasse réhabilités par Romain Lombard, un petit havre de paix entre la Brenne des étangs et la Queue de Brenne. 100 € la ch. double avec petit-déjeuner.

Moulin de la Baratte. Meobecq. Indre.

Les Vieilles Maisons du Pont. Trois chambres d’hôtes situées directement au-dessus de la Creuse dans l’une de ces maisons classées dites « à galerie » qui surplombent la rivière à Argenton.

Visiter

Château du Bouchet. Quelle vue ! Perchée sur une chaîne de buttons, ces éminences de grès typiques de la Brenne, la bâtisse offre depuis sa vaste terrasse un panorama jusqu’à 60 km à la ronde. Rachetée en 2017, elle est en passe d’être réhabilitée pour servir de cadre à des expositions et des concerts. Entrée 7 €.

Le château du Bouchet. Rosnay. Indre.

Château de Valençay. Talleyrand n’avait pas trop envie de l’acheter, Napoléon l’y a plus ou moins contraint pour accueillir avec faste les délégations étrangères. Avec ses tours à toiture à l’impériale, ses meubles d’époque et son superbe parc, Valençay est le fleuron des châteaux indriens. Entrée 14,50 €.

Château de Valençay. Indre.

Pour tout savoir des destinations de l’Indre en Berry : www.berryprovince.com

Photographe : Christophe Migeon

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Écrit par
Christophe Migeon
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