En Inde, on pèlerine beaucoup. Si Shiva, Vishnu et Brahma font l’objet de toutes les dévotions, Maa Ganga, la déesse du fleuve sacré est également à l’honneur de mai à octobre à l’occasion du Char Dham. Voyage dans les confins himalayens aux sources de l’hindouisme, troisième religion du monde.
Pour commencer à déchiffrer l’Inde, il faut un peu de vocabulaire. Les ghats sont ces escaliers qui descendent en marches glissantes et traîtresses vers un cours d’eau sacré. Dans la ville d’Haridvar, le ghat de Hari-ki-Pauri est chaque jour, à l’aube et au crépuscule le théâtre d’une Ganga Arti, une « adoration du fleuve » où les fidèles viennent obtenir la purification et la bénédiction de la déesse du Gange. Avec l’abishek, il s’agit d’abord de rentrer dans ses bonnes grâces en lui offrant de copieuses rasades de lait ou d’alléchantes corbeilles de fruits, bref de la chouchouter en émettant un vœu : réussite à un examen, décrochage du gros lot, succès amoureux, réduction d’un durillon, etc. Enfin, une bonne trempette dans les eaux turbides du fleuve et voilà la conscience remise à neuf, récurée comme un chaudron, dégraissée de tous ses péchés, prête pour un nouveau tour de piste. C’est la moksha, la voie de la délivrance, aussi efficace qu’une virée au confessionnal. C’est que la déesse Maa Ganga a été envoyée sur terre pour sauver les sept générations d’ancêtres du roi Bhagirath… et à l’occasion le restant de l’humanité. (…)