Pas la peine de vous prendre la tête ! Venez comme vous êtes à Praz-sur-Arly, car ce village avec vue sur le Mont-Blanc et collé à Megève a su garder toute son authenticité et sa simplicité. Deux vertus que les Praslins et les Praslines cultivent pour le plus grand bonheur des visiteurs qui apprécient les petites choses de la vie. Au programme ? Vie au grand air, bonne bouffe, et rencontres stimulantes.
Prendre de la hauteur – Alpes Mongolfière
7h30. À côté du parking situé à l’entrée du village, les ballons se gonflent et bientôt nous quitterons le plancher des vaches pour voler au-dessus des cimes. « Je vous remercie d’être là, car grâce à vous, je ne travaille plus à la SNCF ! » Le ton est donné par Clément Seigeot qui pilote l’aérostat. Champion du monde de montgolfière en 2022, il a su sortir des rails pour faire de sa passion, son métier. C’est parti ! Clément actionne le brûleur qui rugit instantanément et voilà qu’on s’élève tout en douceur alors que le silence nous enveloppe.
« Dans une montgolfière, on peut monter et descendre, c’est tout. Pas de volant, pas de moteur, juste le vent qui nous pousse. Ici, on est vernis, car la vallée est très bien protégée des vents dominants. C’est le seul spot des Alpes où l’on vole toute l’année. » Nous sommes aux premières loges pour admirer le spectacle. Le dôme énorme du Mont-Blanc affublé de son chapeau, la chaîne des Aravis, le Beaufortain, plus loin le mont Pourri. Accoudés à la nacelle, à plus de 3000 m d’altitude, on se surprend à ne pas ressentir de vertige : « Quand les pieds ne sont plus en contact avec le sol, on perd la sensation de vertige », confirme Clément. Après une heure d’un vol hypnotique, on se pose sans embûches dans la plaine de Passy. Finalement, ce n’était pas si gonflé. Vivement qu’on recommence.
Vol à partir de 270 €/personne au départ de Praz-sur-Arly. www.alpes-montgolfiere.fr
L’aart de vivre – Le refuge du Plan de l’Aar
Chaque année, Bernard et Arlette prennent leur quartier d’été dans leur chalet d’alpage perché à 1730 m d’altitude en compagnie de leurs vingt vaches heureuses comme eux de jouir de la vue incroyable sur la vallée de l’Arly et les Aravis. À deux heures de marche de Praz, on peut dire qu’ils vivent isolés, et ma foi, ça leur va bien. « Ici, on oublie la morosité du pays. Avec tout ce qu’on voit à la télé, tous ces trucs… Autrement, notre lait qui sert à la fabrication du beaufort est bien valorisé, en fait, c’est le mieux payé au niveau national ! Que demander de plus ? » S’ils sont coupés du monde, le monde vient à eux.
Arlette a constitué une basse-cour qui fait le bonheur des citadins, mais elle s’active aussi aux fourneaux pour servir aux randonneurs ses spécialités maison : beignets de tome, farcements, croziflettes, faisselles, tartes aux myrtilles et framboises… Ces trois mois passés à l’alpage sont pour Arlette, une source de plénitude : « J’apprécie le bon air, le silence, le son des animaux, la liberté, et la fraîcheur. »
Pour accéder au Plan de l’Aar, suivre la route forestière ou le sentier ludique « La Tonnaz ne sonne plus » associé à un jeu de piste. 18 places dans le refuge à partir de 16 € la nuit, repas fait maison à 16 €. Réservation : 06 99 29 47 87.
Jeux aquatiques – Plan d’eau de Cassioz
Quoi de mieux après une rando que de faire trempette dans un lac ? C’est dorénavant possible avec l’ouverture d’un plan de baignade en 2023 à deux pas du centre du village. « Ça cartonne l’été, c’est la carotte pour les gamins après une balade en montagne », assure Alexandre Mollier, le gérant de la base de loisirs. Structures gonflables, paddle, parcours accrobranche, ce moniteur de ski l’hiver, est dorénavant aux manettes de l’Aquaparc durant l’été : « Comme j’ai mon brevet de surveillant de baignade, je cochais toutes les cases. »
Il aura fallu six années d’études avant d’obtenir les autorisations pour créer ce plan d’eau grand comme deux piscines olympiques, l’idée étant qu’il serve de retenue collinaire pour fabriquer de la neige de culture en hiver. Selon Patrice Blanc-Mappaz, l’ancien directeur de l’office du tourisme, cela n’impacte pas l’environnement : « Il n’y a que des cailloux sur ce terrain. On ne touche pas à une zone humide avec des espèces sensibles et l’eau provient de la nappe phréatique suffisamment abondante. »
Plan d’eau en accès libre et gratuit. Aquaparc à partir de 10 € l’heure. 3 parcours accrobranche avec une tyrolienne qui longe le lac. praz-lac-aventures.com
Camping Paradis – Chantalouette
« Ma grand-mère a créé ici le premier camping en 1963, raconte la pétillante Sylvie Bessy, également correspondante locale pour le Dauphiné Libéré. L’année précédente, elle avait fauché pour un campeur le bout d’un champ où broutaient les vaches et celui-ci en partant avait laissé à sa grande surprise un billet. Ça lui a donné des idées pour l’été suivant. »
En 1963, Jean-Marc Rabanit a cinq ans. Venu d’Arles avec ses parents, il découvre ce tout nouveau camping. Depuis, il y est revenu chaque année avec la caravane. « Quand la voiture arrive dans les gorges de l’Arly, elle accélère toute seule. L’emplacement 5 sous les arbres, est le meilleur. On le réserve chaque année avec ma femme. Nous avons nos amis ici, comme les Brouette de Lille qui viennent depuis 38 ans. On boit l’apéro ensemble, on fait des petites randos, on se repose, on mange des glaces. On reste au frais tout l’été. Nos enfants viennent aussi, la relève est assurée. » Un petit camping simplissime et convivial qui donne l’impression de faire partie d’une grande famille.
Camping Chantalouette, 384 route du Val d’Arly. 38 emplacements, ouvert toute l’année. Deux personnes avec une tente ou un camping-car, 14 € la nuit. Tél. : 06 70 06 19 71
Locavore et rock’n roll – Le toi du monde
Pour faire revivre ce chalet de famille à l’architecture typique du Val d’Arly, Florent et Laetitia ont rassemblé leurs passions dans un concept original de « restaurant, gîte, café-concert et ferme » placé sous le signe de l’éco durabilité. Aux fourneaux, la cheffe Sarah Gade (ex-Top Chef) concocte une cuisine bistronomique à base de produits provenant le plus possible du potager et des élevages de bœufs et de truites.
« On démontre qu’on peut presque approvisionner un resto de 80 couverts en exploitant 5 hectares dans le respect de la nature et en vivre bien », explique Florent. Ancien ingénieur, il a conduit la restauration du bâtiment pour qu’il soit neutre en carbone. « On le chauffe en utilisant l’air chaud de la cuisine, ainsi, on est autonome en énergie ! » Mais le couple sait aussi chauffer l’ambiance. À la fin du service, il monte quelquefois sur scène pour faire des bœufs jusqu’à l’aube en compagnie d’amis. Évidemment, les meilleurs groupes de la région sont conviés sur le Toi du monde.
Le toi du monde, 464 chemin des Zorgières, Flumet. Une étoile verte au guide Michelin, menu midi à 25 €. Un écogite 4 épis, 20 couchages avec une grande cuisine moderne à partager. www.letoidumonde.com
Pratique
Y aller
Dormir
Griyotire, Praz-sur-Arly. À l’écart de la rue principale, mais au centre du village, cet ancien chalet rénové propose 16 chambres décorées dans un style montagnard et un spa/piscine salvateur après une rando. Mais quèsaco griyotire ? C’est le nom en patois donné au collier de grelots que l’on mettait au cou des chevaux. Un spécimen est d’ailleurs accroché à l’entrée. Ch. double, 129 € avec petit-déjeuner copieux.
Manger
Les Ronins, Praz-sur-Arly. Au Japon ce sont les samouraïs sans maître.Au centre du village, c’est un restaurant joliment tenu par Émilie et Antony, lesquels proposent en toute liberté une cuisine française aux tonalités japonaises. Ceux qui en ont marre de la croziflette peuvent se délecter sur la terrasse de ceviches ou de bœuf Angus.
Le Petit Tétras. À 1700 m, cet ancien chalet d’alpage se situe sur le Tour des pays du Mont-Blanc. On y déguste des tartes au reblochon ou des salades de crozets à partir de 14 € le midi. Vue imprenable sur le Mont-Blanc. Possibilité de dormir dans un dortoir de 23 places. 38 €, nuit en demi-pension.
À emporter
Coopérative du Val d’Arly, Flumet. C’est la seule coopérative qui fabrique du beaufort et du reblochon (13 000 tonnes/an). Une halte s’impose pour visiter l’espace découverte et faire ses courses à prix très raisonnables dans la boutique de produits locaux.