Après avoir passé un mois en solitaire dans l’Amazonie, l’aventurier Axel Deambrosis se coltine le Sahara, cette fois-ci en binôme avec Yoann Leroux, un collègue explorateur. Le plan : parcourir à pied 130 km dans le sud du Maroc.
La préparation
Une aventure dans le désert exige une préparation matérielle minutieuse. Le point le plus important concerne l’approvisionnement en eau. Via des images satellites, nous localisons les puits qui jalonnent notre parcours et ajustons leurs positions sur nos cartes papier. Nous repérons aussi des baraquements et des traces de pneus qui y conduisent. Il s’agit d’endroits fréquentés qui pourraient nous servir de refuge en cas de problème.

Arrivés dans notre village de départ, nous vérifions nos informations auprès des habitants. On corrige certaines, on intègre des nouvelles, on digère le tout. Nous complétons aussi notre équipement afin d’être autonomes en nourriture pendant 10 jours. Au total, nous porterons chacun pas moins de 26 kg sur notre dos.
L’aventure dans le Sahara
Notre objectif est de marcher à la lisière du Sahara entre le village de M’Hamid El Ghizlane et celui de Foum Zguid situé à 130 km vers l’ouest. Contraints d’aller de puits en puits, on progresse tantôt à travers des étendues de sable (ergs), tantôt à travers des étendues caillouteuses (regs). Parfois, nous franchissons des dépressions qui correspondent à d’anciens oueds.

Le paysage est monotone, parfois même ennuyeux. Des fossiles nous distraient un peu, notamment ceux des orthocères, d’anciens mollusques céphalopodes ayant vécu entre -470 et -252 millions d’années. Leur nom vient du grec orthoceras qui signifie « corne droite » et décrit la forme caractéristique de leur coquille. Les plus petits mesuraient quelques centimètres, les plus grands une dizaine de mètres. On réalise qu’à la place du sol aride que nous foulons, il y avait un océan où mieux valait ne pas croiser à l’heure du repas les plus grands spécimens d’orthocère.
L’épreuve
Au sixième jour de notre aventure, une tempête de sable s’est levée. Pendant une vingtaine d’heures, des rafales de 60 km/h nous ont passés à tabac, aveuglés, sonnés, désorientés. On se guidait à l’aide d’une boussole. Dans ces conditions extrêmes, tout devenait quasiment impossible : monter la tente, manger et dormir. À travers la toile de tente, le masque et les protections sur mon visage, le sable s’infiltrait quand même. Durant la nuit, j’ai eu du mal à respirer.


Les enseignements du Sahara
J’ai apprécié la force du binôme. J’ai retenu une phrase de Yoann Leroux : « Découvrir un environnement, ce n’est pas le traverser, mais prendre le temps de le comprendre. » Je repense à notre joie de trouver des points d’eau, à nos bivouacs au coin du feu, à notre rythme lent, et je crois que nous avons compris quelque chose.