L’eau s’engouffre sans façon dans ses bottes en caoutchouc, mais peu importe, Henri Villalobos continue de brasser à la pelle et à la barre à mine les graviers du rio Carate. Voici 18 ans qu’il cherche de l’or dans le lit des rivières de la péninsule d’Osa, un or réputé être l’un des plus purs du monde. Comme lui, ils sont près de 400 dans la région à vivre dans des campements de fortune, bâchés de plastique, pour faire cracher ses richesses à la terre. Même s’ils sont rares à toucher le gros lot, les affaires ne vont pas si mal : chaque semaine, dans le fond de la batée ou sous la grille du tamis, Henri récupère entre 15 et 30 grammes de paillettes. À 30 dollars le gramme, cela laisse de quoi mettre un peu de côté. Son père faisait la même chose, mais il a fini par tout boire. Lui est plus raisonnable, alors dans deux ou trois ans, il compte se retirer des pépites et construire un lodge sur le terrain familial. Ici, tout le monde ou presque s’est converti au tourisme, un filon plus sûr et qui au moins ne rend pas les mains calleuses. Car la péninsule d’Osa recèle un trésor bien plus précieux que l’or de ses cours d’eau. Si le Costa Rica est réputé abriter 5% de la biodiversité mondiale, cette minuscule langue de terre d’à peine 1 300 km2 en concentre plus de 2% ! Une affolante explosion de vie qui lui vaut parfois le titre un peu pompeux de « lieu le plus intensément biologique sur terre ». Éloignée, difficile d’accès, la région a su éviter les coupes forestières massives jusque dans les années 1960 avant que le parc national de Corcovado sur le tiers occidental de la péninsule n’y mette un terme définitif à partir de 1975. (…) La suite dans AR50