Perché au cœur des Rocheuses, le Rocky Mountain National Park est du genre à donner le vertige. Les routes et les sentiers montent jusqu’au ciel sans que cela émeuve plus que ça orignaux, wapitis ou pikas américains. Mais comment font-elles ces bêtes pour être blasées ?
À l’automne 1873, l’exploratrice britannique Isabella Lucy Bird chevaucha les Rocheuses du Colorado. De cette expédition, elle tira son livre le plus populaire Une Anglaise au Far West (A Lady’s Life in the Rocky Mountains) dans lequel elle convenait que ces montagnes n’étaient faites ni pour les touristes ni pour les dames. Comme elle se gourait ! De nos jours, le Rocky Mountain National Park accueille plus de 3 millions de visiteurs chaque année dont une bonne proportion, semble-t-il, ne possède aucuns attributs virils.
En voiture Marguerite !
58 sommets au-dessus de 4000 mètres, qui dit mieux? Personne, car Rocky (pour les intimes) est unique. Le parc est si haut perché qu’un tiers de sa superficie (1078km2) se situe au-dessus de la limite de la forêt. « À cette altitude, les arbres cèdent la place à la toundra alpine », explique Marguerite Gillies, une rangers qui ne manquerait pas de pouffer en lisant Isabella L.Bird. « Mais qu’est-ce qu’elle raconte l’Angliche ? Je suis une femme épanouie dans les Rocheuses. »
Le moyen le plus facile d’aller tâter de la toundra est d’emprunter la Trail Ridge Road, non pas à pied comme on pourrait s’y attendre à l’intérieur d’un parc national, sanctuaire de la nature la plus sauvage, mais à bord d’une grosse Américaine ne souffrant pas du mal aigu des montagnes. C’est que la route qui serpente d’est en ouest entre Estes Park et Grand Lake sur près d’une centaine de kilomètres se hisse jusqu’à 3713m. Ne reste plus qu’à pousser le levier de la boîte automatique en position drive et en route vers le ciel! (…)