Tout au sud du Sénégal, séparée du reste du pays par la Gambie, il y a la Casamance. Une région reconnue pour être le berceau du tourisme solidaire. Alors que de nouveaux circuits écotouristiques apparaissent, c’est le moment de découvrir les traditions diolas et les bolongs, ces canaux naturels qui traversent les mangroves du fleuve Casamance.

Une nuit au campement
Le tourisme villageois intégré est né avec une idée simple : créer des auberges rurales au confort simple, mais fonctionnel, animées et gérées par les habitants. L’architecture traditionnelle respecte le bâti local et les matériaux naturels (argile, bois, paille, etc.). Ces hébergements sont de véritables lieux de vie où les habitants peuvent échanger avec les visiteurs. Hélas, faute de touristes pendant trente ans les campements ont eu le temps de se détériorer. Il n’en reste que 24 sur les 55 créés à l’origine. Mais rien n’a changé de l’esprit des pionniers et on assiste à une relance du tourisme communautaire.

Jean Bassene, qui dirige le campement de Seleki à une heure de route de la capitale Ziguinchor, confie : « Au début, on chômait, mais désormais les clients se bousculent. » Dix chambres ont été construites en 2008 par la population sur le modèle typique des cases à impluvium. Il s’agit d’un grand bâtiment de forme oblongue.
Dans le toit en chaume, une ouverture en entonnoir permet de récupérer l’eau de pluie dans une cour centrale autour de laquelle sont réparties les chambres préservées de la chaleur. Une fois installés, les visiteurs peuvent participer à différentes activités : pêche aux coquillages, excursion en pirogue dans la mangrove et randonnée dans le bois sacré.
Tout sur la culture diola
Musée de Kadioute
« Nous sommes animistes, nous devons protéger la forêt, car c’est le siège des esprits de la nature et de nos ancêtres, explique Valère notre guide au musée en plein air de Kadioute à trois kilomètres de Cap Skirring. Dans les creux des fromagers, on conserve des objets : instruments de musique, de pêche, d’agriculture, fétiches, pagnes de lutteur…

Au fil de la visite, on découvre la technique des Diolas pour cueillir la sève des palmiers qui sert à fabriquer le vin de palme, le rôle du féticheur qui s’apparente à celui d’un psy, l’aménagement et le fonctionnement d’une cuisine…Visite indispensable pour mieux appréhender la culture de l’ethnie majoritaire en Casamance.
Un amour de four Afrika Atlantic
Pour lutter efficacement contre la déforestation, rien de tel que des fours de cuisson améliorés. Ceux conçus par l’association Afrika Atlantic à base d’argile, de paille, de bouse de vache et de salive de termites (pour consolider la structure) permettent de conserver la chaleur pendant 24 h tout en consommant 40 % de combustible en moins. C’est autant de coupes de bois et d’émissions de particules fines en moins.
La mangrove dit merci, et les femmes aussi à qui il incombe de récolter le bois et de cuisiner. Kabiline est le premier village à s’équiper de ces fours améliorés grâce à la formation dispensée par l’association. L’objectif est d’en construire 1250 avant 2025. Chaque unité coute 25 € et l’agence de voyages Vision Éthique reverse 12,5 € par voyageur à Afrika Atlantic pour les soutenir dans leur action. On appelle ça du tourisme solidaire.


©Jérémie Vaudaux
Fibre artistique
Mickaël Daffé
Peintre et sculpteur, Michaël Daffé ne voulait plus détruire la forêt pour réaliser ses œuvres. À Ziguinchor, la capitale de la Casamance, il a délaissé le bois pour réaliser des statues et des tableaux à partir des matières issues du cocotier (bois, fibre, coque). “La fibre de coco est un cadeau du ciel. Il suffit de la ramasser pour la modeler à sa guide. Une fois trempée dans l’eau, elle s’assouplit. Je rajoute alors de la colle à bois pour la sculpter et la coudre sur la toile.” Son imagination est sans borne.


©Jérémie Vaudaux
Sa dernière trouvaille ? Enterrer une toile dans une termitière pendant un mois. Le grignotage des bestioles compose alors une œuvre surprenante quand elle ne disparait pas totalement dans leur estomac. D’aucuns diraient que Michaël fourmille d’idées.
Debout les femmes !
Coopérative Jito
Le rôle des femmes dans le développement de l’Afrique est primordial et pourtant souvent invisible. Voyager avec un opérateur solidaire comme Vision Éthique permet de lever le voile sur les activités féminines qu’il soutient.
À Oussouye, deuxième ville de Casamance, nous visitons l’unité de production de confitures et de sirops du Jito, une coopérative qui rassemble 974 femmes.

©Jérémie Vaudaux
“L’activité de conserverie est nouvelle, explique Alice Nina Diamaconne, la présidente. Nous avions remarqué que beaucoup de produits de maraîchage pourrissaient dans les champs, car on ne pouvait pas tout vendre sur les marchés.
On a donc eu l’idée de transformer mangues, papayes, citrons, tomates, pour éviter le gaspillage. En créant une association, on a pu toucher des subventions qui nous ont permis de créer cette unité de fabrication en 2018 et d’embaucher des femmes qui normalement restent chez elles. Aujourd’hui elles ramènent des sous à la maison et elles sont plus respectées.” La preuve qu’ensemble on va plus loin.
PRATIQUE
Y aller
Vision Éthique. Agence pionnière du tourisme responsable, elle concocte depuis 2007 avec ses partenaires locaux des itinéraires originaux et insolites alliant découvertes culturelles et rencontres avec les habitants. Elle intègre la contribution carbone l’ensemble du voyage (vols internationaux et prestations terrestres comprises) pour la reverser directement à des projets locaux qui luttent contre le dérèglement climatique et améliorent les conditions de vie des habitants. En réservant un voyage en Casamance, vous soutenez l’association Africa Atlantic et la coopérative de femmes Jito.
Prix pour 10 jours sur place en petit groupe : 1490 €. Le prix ne comprend pas le vol international. À charge du client d’acheter le billet de son choix. Prévoir en moyenne 800 € au départ de Paris en vol direct. La prise en charge des prestations démarre donc à l’aéroport principal d’arrivée.
Ce reportage est à retrouver dans son intégralité dans le AR N°69, disponible en kiosque et sur notre boutique.