De grands espaces, des forêts à l’haleine fraîche, de l’or en paillettes, des hommes et des canards résolus, de tendres élans et des élans de tendresse, c’est tout cela le Yukon et sans doute plus encore. Petite virée « into the wild ».
Très tôt dans ma vie, j’ai su où était le Klondike. Fervent lecteur du journal de Mickey, j’avais découvert dans un vieux numéro la jeunesse intrépide de l’oncle Picsou. Dans ses tendres années, il ne portait encore ni guêtres ni bésicles, n’avait presque pas de favoris et ressemblait méchamment à son neveu Donald. C’était au Klondike que ce gros richard mal embouché avait découvert une énorme pépite d’or à l’origine de toute sa fortune. Je découvrais d’un coup qu’un jeune sans ressources pouvait devenir riche, vieux et imbuvable. Quelle leçon ! Je m’étais empressé d’aller regarder dans l’atlas familial où se nichait ce drôle de pays et j’avais découvert que ce n’en était pas un, mais seulement une région autour d’une rivière qui coulait au fin fond du Canada, dans un « territoire » appelé Yukon. Un territoire ! C’était déjà une promesse d’aventure, d’air frais qui rosit les joues et de gouttes au nez. Plus tard, j’ai vu le film de Charlot sur la Ruée vers l’or et jeté un œil distrait sur les romans d’un certain Jack London, mais tout cela ne valait pas les tribulations de mon canard à gibus. J’avais compris qu’avec une bonne pioche et un peu d’huile de coude, un homme – ou une volaille – déterminé pouvait faire fortune au Yukon. C’est aussi ce que se sont dit près de 100 000 crève-la-faim à la toute fin du XIXe siècle. (…)