Dans le nord de la Californie, des forêts de vieille souche poussent en silence sur les contreforts de la chaîne côtière. Là, dans une confusion de troncs cyclopéens, les plus grands arbres du monde s’élancent à la conquête du ciel.
Le nord de la Californie est réputé pour ses rivières à saumons, ses côtes sauvages léchées par un Pacifique infatigable et ses boutiques de cannabis où, depuis une quinzaine d’années, tous ceux qui ont mal au dos peuvent enfin trouver de quoi soulager leurs douleurs chroniques. À 400 km au nord de San Francisco, le comté de Humboldt est le plus gros producteur de « pot » de toute la côte ouest et attire chaque année d’enthousiastes saisonniers du monde entier enrôlés à 150-200 dollars par jour pour tailler les feuilles marijuana. Les amateurs de botanique y viennent aussi s’immerger dans l’une des forêts les plus envoûtantes du monde, un labyrinthe de troncs épais comme des piliers de cathédrale, un dédale de candélabres géants traversé de brumes tièdes qui dégouttent sur l’écorce rugueuse et le vert des aiguilles. Un monde que le temps ne semble pas effleurer. Le maître de ce royaume porte un nom de chef indien Sequoyah, et, depuis 40 millions d’années, titille de sa couronne le ciel et les nuages. (…)