Tout jeune, il a quitté Saint-Étienne, il a quitté la zone. Il est parti pour le Brésil riche de ses seuls rêves. Né trop tard pour être flibustier, il est devenu auteur-compositeur-interprète-voyageur-aventurier-chasseur de tigres… . Son butin : des chansons de révolte et de tendresse qui se balancent sur des rythmes tropicaux avec des titres comme Sertão, Kingston, Une nuit à Beyrouth. Le voyage l’a-t-il apaisé ? Toujours pas, à écouter son dernier album « causes perdues et musiques tropicales».
À 19 ans vous fuyez Saint-Étienne pour le Brésil. Vous n’auriez pas pu aller ailleurs ?
Le Brésil, c’était une évidence, un rêve. Il y a d’abord eu Orfeu Negro, ce film qui transposait le mythe d’Orphée au Brésil avec des musiques de Tom Jobim et tout un tas de trucs que je cherchais sur le Brésil dans le Reader’s Digest pour savoir comment c’était, quelles étaient les couleurs, comment on y parlait, etc. J’aurais pu aller ailleurs, mais ce qui me plaisait avec le Brésil, c’est que c’était loin.
Vous avez habité à Salvador… ambiance ?
Salvador… J’ai habité en Amazonie aussi. Mais Salvador c’était mon point de chute. Ma ville préférée au Brésil, du moins entre celles qui se trouvent au bord de la mer. C’est la ville la plus noire, la plus africaine, caraïbe si on veut parce que c’est là où sont arrivés les esclaves qui remplaçaient les Indiens qui s’étaient fait massacrer parce qu’ils refusaient de travailler pour les Blancs.
Vous avez découvert l’Asie bien après l’Afrique et l’Amérique, pourquoi ?
Parce que je pensais que pour être adapté, pour ne pas faire d’erreur grossière, il fallait avoir plus de 40 ans. Trop jeune, je ne pense pas qu’on puisse comprendre. Les Viets disent: « Tu ne peux pas me poser de questions quand tu connais déjà la réponse ». Je suis resté un moment dans ce coin à poser des questions. (…)