Au large de Brest, l’île de Molène, souvent délaissée pour sa grande sœur Ouessant, offre à ceux qui veulent bien y venir un accueil dur mais chaleureux. menacée par la montée des eaux, dévastée par la mer et le vent, molène vit en vase clos. certains en partent soulagés, d’autres y restent pour toujours … Molène est apparue doucement, presque par hasard, dégagée progressivement des îlots qui la protègent du Continent et des derniers restes de la nuit. Sur la mer, rien d’autre n’accrochait le regard que les phares de Men Korn et de La Jument. Cela faisait plus d’une heure que nous avions quitté Brest où, au bout de la Pointe , merSaint-Matthieu, des creux de six mètres nous obligèrent d’abord à quitter l’arrière-pont puis à trouver une place inconfortable mais précieuse dans les toilettes du premier étage où chacun souffrait à sa manière. Mais rien n’effraie les bateaux de la Penn Ar Bed qui relient chaque jour, sauf tempête, les îles de Sein, Molène et Ouessant au Continent. à neuf heures du matin, on ne devinait derrière les paquets d’eau projetés par la mer qu’une fantomatique côte tout juste rehaussée d’un clocher planté comme un calvaire. Bientôt le port apparut, on débarqua rapidement les conteneurs chargés de courrier, d’outils et de quelques aliments frais. C’est l’heure à laquelle l’île se réveille car, malgré son indépendance affichée pour « l’autre bord », « la France » comme certains l’appellent, Molène est maintenue en vie par une perfusion quotidienne. Puis le bruit du moteur s’éloigna vers Ouessant que l’on devinait au loin et tout redevint calme. (…)
Photographe : Matthieu Raffard