Notre sélection de livres pour s'échapper - A/R Magazine voyageur 2018

Notre sélection de livres pour s’échapper

Hauteurs — Ararat Carl de Keyser et Philippe Claudel (Glénat)

Carl de Keyser est né en Belgique. Membre de l’agence Magnum, il a quitté le plat pays depuis belle lurette pour photographier le monde. Son dernier projet l’a mené sur les hauteurs des Alpes et des montagnes espagnoles. Là, été comme hiver, il a mis son pas dans ceux d’une drôle d’espèce : les touristes. Sous son objectif, ces derniers donnent l’impression de se mouvoir dans un monde incertain en se consacrant à d’étranges rituels. Impression renforcée par les textes de Philippe Claudel placés en regard des photos. L’écrivain laisse planer son imagination dans les courants ascendants pour inventer des histoires courtes aux accents absurdes ou poétiques. Dans chacune, une personne exprime des pensées très personnelles. Pêle-mêle on trouve : « On dit que les gens meurent, mais je demande à voir. —  Je m’emmerde. J’observe les autres. Je les trouve moches  — je vous dirais bien mon nom, mais je ne m’en souviens plus ». Et pour conclure en beauté, cette dernière phrase comme un cri de désespoir : « Laissez-moi s’il vous plaît, vous me gâchez la vue, je veux dire la vie ! ». Pleure pas Philippe, t’es pas tout seul.

Michel Fonovich

Hauteurs — Ararat Carl de Keyser et Philippe Claudel (Glénat)

Hauteurs

Rouge Himba de Solenn Bardet (La Boîte à Bulles)

Le sourire d’une femme Himba sur une photo a conduit Solenn Bardet, 18 ans, chez les Himbas, éleveurs nomades de Namibie. C’était il y a 25 ans. Depuis elle a été adoptée par une famille, est devenue une Himba à part entière et passe avec eux plusieurs mois chaque année. Après avoir écrit un livre et tourné un film avec les Himbas, Solenn a voulu présenter en dessins son peuple d’adoption, avec la complicité du dessinateur Simon Hureau. Le résultat est un magnifique carnet de voyage dans lequel les aquarelles de Simon côtoient les textes très documentés de Solenn, l’ethnologue. Il y a aussi des dialogues empreints d’humour et des apartés qui témoignent des étonnements répétés de l’artiste. En lisant Rouge Himba, nous apprenons beaucoup et surtout, nous aussi, nous sourions.

Laure Bonardel

Rouge Himba de Solenn Bardet (La Boîte à Bulles)

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Atlas des paradis perdus de Gilles Lapouge et Karin Doering-Froger (Arthaud)

Ne voulant pas attendre de monter au ciel pour goûter aux délices du paradis, les hommes ont créé des paradis terrestres ici-bas. Gilles Lapouge, écrivain et journaliste, 94 ans, dresse leur inventaire dans L’Atlas des paradis perdus. Un inventaire subjectif et ordonné en quatre parties (Jardins, Utopies, Mer, Paradis artificiels), où le lecteur découvre une trentaine de paradis perdus dans les profondeurs des songes ou des océans, aussi bien qu’à la surface de la Terre. Le globe-trotteur dresse ainsi un itinéraire onirique qui va de son jardin d’enfance rempli d’innocence à Digne-les-Bains jusqu’aux îles des pirates dans les Caraïbes vouées à la débauche. L’érudition teintée d’humour de Gilles Lapouge fait souvent mouche. Augmenté des illustrations pastels et poétiques et toutes en courbes évocatrices de Karin Doering-Froger, L’Atlas des paradis perdus est une méditation sur le thème de la perte et du voyage. Un beau livre qui donne envie d’enfoncer les portes du paradis.

Jérémie Vaudaux

Atlas des paradis perdus de Gilles Lapouge et Karin Doering-Froger (Arthaud)

Atlas des paradis perdus

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Écrit par
Michel Fonovich
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