« Lady Bird », lycéenne ordinaire de Sacramento
Christine McPherson, qui tient à ce que tout le monde, y compris sa famille, l’appelle « Lady Bird », est une lycéenne qui vit et étudie à Sacramento. Secrètement, avec l’aide discrète de son père admiratif et contre la volonté farouche de sa mère très autoritaire, elle tente de quitter sa ville de naissance et les siens pour étudier dans une grande faculté de New York. Sa mère est infirmière et se dépense sans compter pour le bien-être de ses enfants et de son foyer, tout en cultivant un caractère entêté que sa fille admet de moins en moins. Son père, depuis peu au chômage, fait preuve d’une bienveillance absolue. Enfin, son frère, enfant adopté, cultive à son égard une rivalité de tous les instants.
Plongée dans les classes moyennes américaines pendant la crise
Greta Gerwig, véritable égérie du cinéma indépendant américain apporte sa pierre tout à la fois intime, tendre et ironique au regard que ce cinéma jette sur la cellule familiale américaine. Il est ici question des classes moyennes durement éprouvées par la crise économique. « Lady Bird » entre en guerre contre un déterminisme social qui la condamnerait d’avance à entrer dans une université provinciale sans envergure. Certes, l’actrice nouvellement cinéaste ne joue pas dans son propre film, mais la native de Sacramento et unique auteur du scénario donne ici une partition en partie autobiographique. On retrouve en outre ce qui fait le charme indéniable des comédies souvent désenchantées dans lesquelles elle excelle à l’écran.
Histoire d’une métamorphose lucide
Son héroïne se cogne aux murs d’une vie qu’elle juge trop étriquée pour elle, non sans connaître le moment venu les affres d’une nostalgie déjà au travail. C’est l’histoire d’une métamorphose lucide et qu’il convient de relativiser malgré tout. L’entrée définitive dans le monde adulte se fait au prix d’une douce amertume avec en son centre l’étude d’une relation mère-fille particulièrement complexe. Et, en toile de fond sociale jamais oubliée, le portrait d’une Amérique « profonde » entre deux eaux.
Lady Bird, un film de Greta Gerwig
Sortie le 28 février 2018