En Flandre, sur la Côte belge aux longues plages taquinées par les vagues de la mer du Nord, 50 œuvres d’art et crustacés font bon ménage durant la 8ème édition de la Triennale de Beaufort. La Côte belge, une destination artistique dans le vent.
Nous sommes sur la Côte belge pour découvrir la 8ème Triennale Beaufort, Beaufort24, dont les dix-huit œuvres jalonnent les 67 kilomètres de la Côte entre La Panne juste à côté de Dunkerque et Knokke-Heist à la frontière des Pays-Bas. Outre les 18 nouvelles pièces, plusieurs autres créées lors des sept éditions précédentes sont restées à leur place initiale. C’est ainsi qu’est né le Parc de Sculptures Beaufort, une exposition permanente et unique en plein air, dans le cadre de la côte, qui comptera à l’issue de Beaufort24 près de 50 œuvres d’art.
Ostende se trouvant au milieu de la Côte belge, elle constitue un point de chute idéal. Arno n’aurait pas dit le contraire, lui qui aimait par-dessus tout sa ville natale. Sur une façade latérale de l’hôtel de ville, on peut voir se déployer le portrait du chanteur. Il a été peint en 2020 par Helen Bur, une muraliste urbaine de renommée internationale, dans le cadre du festival de street art The Crystal Ship.
Beaufort, nous voilà !
Dans le parc Léopold, Jack pose fièrement en haut de son piédestal, le menton relevé, le regard droit. Jack est un chien. À ses pieds, deux mètres plus bas, trois chiens le fixent avec admiration. Un quatrième est plus distrait. À l’évidence, Jack était un grand chien, un héros. Tous font partie de l’œuvre de Guillaume Bijl (Beaufort15) laquelle en nous transportant sur une « planète des chiens » questionne l’usage et le sens des monuments.
The herring – Le Hareng
À Coxyde, une imposante femme en bronze se tient debout sur la plage face à la mer dans son plus simple appareil. Elle semble reliée à un temps immémorial. À défaut de feuille de vigne elle se sert d’un hareng pour délicatement cacher son sexe. L’artiste Johan Creten pose la question de la résilience de la mer. Pourra-t-elle toujours nous nourrir ?
3 questions à Els Wuyts, commissaire de Beaufort24
Qu’ont en commun les 18 œuvres de la Triennale du littoral ?
On ne se contente pas de les regarder, car elles font appel à d’autres sens. On peut les toucher, bien sûr, mais aussi sentir le lieu qui les reçoit et avec lequel elles créent un lien très fort. Le lieu fait partie de l’œuvre. A posteriori, j’ai vu se dégager une dominante de vert et de bleu entre toutes les œuvres. Cela n’était pas prévu.
Comment choisissez-vous les artistes ?
Je regarde partout dans le monde et dès qu’un artiste m’inspire une idée, je lui propose de travailler ensemble en toute confiance sur un projet. Cinq projets n’ont pas abouti.
Comment évaluez-vous le succès de la Triennale ?
C’est difficile, car il s’agit d’une exposition ouverte et gratuite. On n’a donc pas de chiffres de fréquentation. On peut cependant se fier à certaines statistiques : nombre de clics sur le site, de brochures vendues, de QR codes utilisés. L’intérêt des médias fournit aussi une indication. Des comportements sont aussi révélateurs. À Coxyde, on a noté que des gens déposaient des fleurs au pied de la statue The Herring ; quant à l’œuvre Untitled, elle intéresse d’ores et déjà deux collectionneurs. Dix œuvres parmi les dix-huit de Beaufort24 sont temporaires, et par conséquent ouvertes à la vente.
La Panne, berceau du char à voile
Pour me rendre à Coxyde, j’avais pris le tram du littoral, engin superbement profilé qui glisse en silence entre les dunes et les stations balnéaires. Je le reprends pour filer jusqu’à La Panne. Après un coup d’œil à Staging Sea (Beaufort24), une œuvre de Filip Vervaet représentant un pavillon formé de dix panneaux de verre avec en son centre une fontaine, je me dirige vers la plage où déboulent à toute vitesse les chars à voile du Royal Sand Yacht Club dont la devise est « Plus vite que le vent ». On pourrait presque envisager de poursuivre la visite de Beaufort24 et du Parc de sculptures (œuvres des éditions précédentes qui ont été conservées) à bord d’un char à voile.
Street art à l’ostendaise
Sur la place de la Princesse Stéphanie, impossible de manquer une fresque géante qui représente deux vieilles délurées fonçant à bord d’un caddie plein de pastèques, elles-mêmes brandissant des quartiers au-dessus de leur tête. L’une arbore sur un mollet le tatouage freedom. L’autre parade seins nus. Décidément, elles ne manquent pas d’air ces ancêtres qui ont fait une razzia sur les pastèques dans un supermarché. À l’inverse, Jaune fait dans la miniature. Il faut se pencher pour observer presque au ras du trottoir les pochoirs de l’artiste bruxellois qui représentent dans des situations cocasses ou insolites de minuscules bonshommes jaunes, en fait, des agents de la propreté urbaine. Avec Jaune, les éboueurs ne se privent pas de déconner et diffusent dans la ville un esprit d’anarchie joyeuse.
Pratique
Y aller
Eurostar assure chaque jour, au départ de Paris, une vingtaine de départs par jour vers Bruxelles (1h20). Liaison ensuite vers Ostende (1h10). www.eurostar.com, https://www.belgiantrain.be/fr
Se déplacer
Le Tram du littoral fait le trajet Knokke – La Panne (et inversement). Il dessert chaque arrêt (67) toutes les 10, 15 ou 20 minutes en journée, et toutes les 30 ou 60 minutes en soirée. Durant Beaufort24, Le Tram du littoral vous permet de vous rendre facilement, rapidement et à un tarif avantageux, d’une œuvre d’art à l’autre, au moyen, notamment, d’un ticket à la journée.
Nico Fun On Wheels. Le vélo électrique est un bon moyen pour découvrir la côte. Le magasin se trouve sur la promenade Albert 1er à Ostende (34 € la journée).
Visiter
The Crystal Ship. En 2016, The Crystal Ship a jeté l’ancre à Ostende. Depuis lors, le festival de street art a fait de la ville côtière la principale galerie à ciel ouvert de Belgique, avec plus d’une douzaine de street artistes de renommée mondiale accueillis chaque année.
Ensor 2024. Ostende, la ville où James Ensor a vécu et travaillé toute sa vie, célèbre l’anniversaire des 75 ans de la mort du grand artiste. On peut découvrir son univers captivant à travers 4 expositions (Maison Ensor, Mu.ZEE, Galeries vénitiennes, Fort Napoléon) et un festival urbain.
Où dormir
Hôtel Le Bassin, Ostende. Dormir plus près de la gare, c’est impossible à moins de passer la nuit dans un train couchette. Dormir plus près du port, c’est impossible à moins de rester sur un bateau. On voit par là que Le Bassin est bien placé. Un bon point qui en appelle d’autres : chambres confortables, accueil chaleureux par toute la famille Vanhaecke, petit-déj aussi varié que copieux. Et en plus, il y a une brasserie fort avenante.
Où manger
Bistro Mathilda, Ostende. Chers amis, voici le temps venu d’aller goûter un bon menu. Chez Mathilda vous êtes attendus. Tatjespap (purée de pommes de terre au lait battu) aux crevettes, maquereau mi-cuit grillé au chalumeau, huîtres creuses d’Ostende, soles, steak tartare… bref, de quoi se régaler dans une ambiance chic.
De Grote Post, Ostende. Le bâtiment classé de l’ancienne poste a été reconverti en maison de la culture en 2012. On y trouve un restaurant du genre cantine bien sympa.
Taste Silt, Middelkerke. Beau, élégant, audacieux, Silt est ce nouveau bâtiment juché au-dessus d’une dune artificielle qui abrite un casino, un hôtel, un restaurant, une salle de concert. Évidemment, le restaurant Tatse Silt (trois en un, vous avez le choix entre Taste Silt Casual, Taste Silt Fine Dining et Taste Silt Lounge bar) est lui-même beau, élégant et audacieux. Devinez quoi ? On peut y manger des croquettes aux crevettes.
Café de Paris, Nieuport. Vous cherchez un lieu classieux où manger de délicieuses croquettes de crevettes et des solettes rissolées à point ? Soyez rassurés, vous avez trouvé. Non loin, se trouve l’œuvre Top down/Bottom up (Beaufort24).
Le Homard et la Moule, Bredene. Le chef Donald Deschagt délaisse ses fourneaux au profit des algues, une passion née, il y a quelques années. Il consacre ainsi le plus clair de son temps à les ramasser et à les transformer dans son labo pour les incorporer ensuite dans sa cuisine ou fabriquer des produits (bières, saucissons, chips…). Son restaurant n’ouvre qu’une fois par semaine, le samedi soir, et propose un repas qui célèbre le mariage des algues et de la gastronomie.
Où sortir
Lafayette, Ostende. Un bar comme une caverne douillette où derrière son comptoir le DJ fait chauffer sa platine en enchaînant pêle-mêle titres soul, rock, jazz, reggae, pop, hip-hop du siècle dernier. À apprécier en buvant une bonne bière.
Brasserie du Parc. Ostende. Belle salle au charme d’antan où boire une bière ou un café en rêvassant.