Dans un petit périmètre entre Drôme et Ardèche, il est possible de mener la vie de château, de faire du vélo en compagnie du Rhône, de manger la meilleure pogne du monde, de savourer le caillé doux de Saint-Félicien, et de recevoir une leçon d’histoire. Et ceci n’est qu’un échantillon
La reine des pognes
Saint-Donat-sur-l’Herbasse
Où trouve-t-on la meilleure pogne de Romans ? Chez Ronjat, on ne s’en étonne plus. Cela fait huit générations que dans le fournil, six fois par semaine, ils accomplissent le même miracle au doux parfum de fleur d’oranger. Pétrie de bon matin, la pâte prend ensuite son temps pour lever. C’est seulement vers 17 heures qu’on l’empoigne pour lui donner sa forme. La touche finale consiste à percer chaque brioche en son centre à l’aide du coude plié en pointe. Le trou ainsi obtenu se refermera pendant la cuisson qui débute à 2 heures du matin. Mais alors, pourquoi faire un trou comme pour une couronne s’il doit disparaître, vous demandez-vous ? Parce que c’est comme ça, parce que la pogne de chez Ronjat n’a pas besoin de couronne pour être la reine des pognes
À vélo sur la ViaRhôna
Tournon-sur-Rhône et Tain-L’Hermitage
Il y a cinq jours, Diane et Damien enfourchaient leurs vélos à Genève pour se lancer sur la ViaRhôna, un itinéraire de 815km s’étirant des rives du lac Léman aux plages de Camargue en suivant le cours du Rhône. Cinq jours pour rejoindre les villes de Tournon et Tain-L’Hermitage séparées par le fleuve impassible.
Qu’il est doux, le caillé doux !
Préaux
À Préaux sur le plateau ardéchois, les 160 chèvres de Karine et Aurélien Mourier n’envisagent pas de créer un syndicat. Tout leur convient là-haut. La vue bien dégagée sur un océan de collines, le vent fripon qui fait frémir leur barbichette et balloter leurs pampilles, les tendres prairies si bonnes à brouter, et puis il faut dire que le boulot est plutôt relax. Deux traites par jour de trois à quatre minutes, ça n’use pas trop les tétines. En outre, toutes ces biquettes apprécient de participer à la renaissance du caillé doux de Saint-Félicien qui faillit disparaître au tournant des années 80 quand les campagnes se dépeuplèrent
Le château sur le Rhône
Tournon-sur-Rhône
Juché sur un piton rocheux en bordure du Rhône, le château de Tournon est du genre trapu et farouche. On devait y réfléchir à deux fois avant d’aller se frotter à ses robustes murailles sans compter qu’elles étaient protégées par des soldats armés jusqu’aux dents. Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne. Sébastien Buffat, le gardien des lieux qui vit depuis 24 ans dans l’enceinte n’a jamais connu de siège. Une trêve assez longue pour qu’il juge inutile de porter la cotte de mailles. Qui dit château de Tournon, dit famille de Tournon. Grâce à son influence, la ville rayonna entre le XVIe et le XVIIe siècle dans les domaines artistique et intellectuel. Le cardinal François de Tournon fut ambassadeur à Rome et conseiller de François 1er. On dit qu’Hélène de Tournon, morte d’un chagrin d’amour à 18 ans à peine, inspira à Shakespeare le personnage d’Ophélie dans Hamlet. Alors, faut-il aller ou ne pas aller au château de Tournon? Y aller évidemment.
Où manger ?
Saint-Donat-sur-l’Herbasse
Passer dans la région sans manger chez Chartron, c’est comme aller à Paris sans voir la tour Eiffel, on peut le faire, mais on passe à côté d’un monument. Depuis 1946, la famille régale ses hôtes avec des bons produits du cru. En tête d’affiche quand c’est la saison: la truffe. Ah! La brouillade de truffes concoctée par Mathieu Chartron! Après avoir fait ses gammes chez Guy Savoy à Paris et à Las Vegas, celui-ci a pris avec classe la relève de son père Bruno.
Pour plus d’infos : www.ardeche-hermitage.com
Photographe : Jeremy Suyker