Sur la côte ouest de la péninsule du Cotentin, on trouve des falaises empanachées d’oiseaux de mer, des havres sablonneux où l’eau douce ose se confronter à l’eau de mer, et des îles où les hommes se révèlent aussi rugueux que le granit local. Tournons le dos au bocage et retroussons la Manche du sud au nord.
Après avoir profité de la faible affluence sur les plages normandes au mois de juin et baguenaudé dans le bocage pendant tout l’été, Eisenhower parvint fin août 44 au-dessus des falaises de Champeaux, retira sa casquette, mis les mains sur ses hanches et lança à son aide de camp « Fi d’chien, ça a de la gueule ! » que les hagiographes s’empressèrent de corriger en « De Saint Jean le Thomas, on découvre l’un des plus beaux panoramas du monde ! ». Le commandant suprême des forces expéditionnaires alliées avait bien raison. Comment ne pas s’émouvoir devant cette baie où palpitent des splendeurs dorées de soleil, tout juste froissées par les doigts nerveux du vent d’ouest tandis que dans des lointains vaporeux, flottant au beau milieu de cette mer aux nuances de potage, le Mont-Saint-Michel hérissé de clochers semble tout juste tombé de l’espace ?
Face à un tel spectacle, il est possible de s’allonger dans l’herbe au milieu des bruyères et des ajoncs tout en boulottant un bol de bulots, trésor gastronomique de la région.
Homard God
Ici, les pêcheurs en pincent pour le homard et ont développé tout un vocabulaire d’initiés autour de leur crustacé favori. Ainsi à Chausey parle-t-on de « criquet » pour les individus en dessous de la maille, de « bouteille » pour ceux qui ont perdu leurs pinces ou de « Mimile » pour ceux qui n’en ont plus qu’une. « Homard God ! », s’exclament les touristes anglais en croquant l’exquise chair blanche sur la terrasse du seul restaurant de l’île. Ils sont encore une demi-douzaine de pêcheurs à jeter leurs casiers au pied des cailloux lorsque le jusant découvre la myriade d’îlots qui fait des Chausey le plus grand archipel d’Europe : 365 à marée basse, 52 à marée haute, autant que de jours et de semaines dans l’année, des chiffres qui tiennent moins aux hasards de la topographie qu’au génie marketing des promoteurs touristiques.
Plus d’infos sur : https://www.manchetourisme.com/