Ceci est une belge : entretien avec Charline Vanhoenacker, infatigable voyageuse - A/R Magazine voyageur 2019

Ceci est une belge : entretien avec Charline Vanhoenacker, infatigable voyageuse

Diriez-vous que vous êtes métisse?

Mais oui, absolument puisque je suis moitié wallonne, moitié flamande. Mon papa est flamand, ma maman wallonne. Donc, oui, je suis métisse ! Et ma langue maternelle, c’est le français. D’autant plus que mon père, né en Flandres, a fréquenté à partir de six ans une école francophone à la suite d’un redécoupage territorial linguistique. Et mon père était bilingue quand il a suivi ma mère en Wallonie. J’ai donc grandi en français ! Mais en Belgique, cette mixité-là est assez rare. Dans ma région, par exemple, il y a une mixité belgo-italienne beau- coup plus fréquente que cette mixité flamand-wallon. C’est une curiosité!

Comment l’expliquez-vous?

C’est difficile de se rencontrer, car ce sont deux langues deux cultures diffé- rentes, deux civilisations presque. Les Wallons sont sous influence latine et les Flamands, eux, sous influence germa- nique. La Belgique est un pays vraiment divisé entre les deux grands courants européens. Elle en est même le carrefour.

Et de laquelle vous sentez-vous la plus proche ?

Spontanément je dirais la latine mais en réalité, je suis un mixte des deux, parce que les Belges ont cette particularité d’avoir ce côté latin, mais assez ordonné quand même. nous sommes moins fou- traques que les Français. En fait, nous sommes hybrides. C’est la raison pour laquelle, il est impossible de nous définir en tant que Belges. Cela n’existe pas la Belgique. Le chanteur Arno le dit égale- ment. nous ne savons pas ce que c’est que le nationalisme. nous sommes là, un point c’est tout ! C’est ce qui explique le très fort sentiment européen en Belgique, outre le fait qu’une partie des institutions européennes y réside. Bruxelles est deve- nue synonyme de l’Europe. Et la Bel- gique, elle, est aux confins de l’Angle- terre, de la France et de l’Allemagne. Le Belge est donc forcément européen. nous sommes littéralement un état tam- pon avec trois langues : le français, le néerlandais et l’allemand.

Vous ne vous sentez absolument pas française ?

Absolument pas, alors que j’ai la culture française. En fait, je ne me sens pas française, mais profondément francophone. Je me sens proche des Africains franco- phones, des Suisses et des Québécois, c’est à dire de tous ceux qui ne sont pas français, mais qui partagent cette culture et cette langue françaises sans prétendre en détenir la vérité. Je trouve que la France joue trop sur son hégémonie culturelle, sur son ethnocentrisme. Mais, j’adore la France, je m’y plais beaucoup et j’adore les Français avec leurs défauts et leurs qualités. Ce doit être un des plus beaux pays du monde. Je suis ébahie par sa diversité, sa culture, tout en la regar- dant comme une spectatrice. C’est pour- quoi j’ai toujours l’amour et la curiosité de la découverte de ce pays comme de la découverte de l’autre.

Lire la suite dans A/R 47

Lire aussi : Tête de l’art : entretien avec Alex Vizorek

Partager
Écrit par
Laurent Delmas
Voir tous les articles